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Un Chevalier très honorable

Marseille
Opéra
09/30/2009 -  & 2, 4, 7 octobre
Richard Strauss: Der Rosenkavalier
Gabriele Fontana (La Maréchale), Kate Aldrich (Octavian), Margareta Klobucǎr (Sophie), Sophie Pondjiclis (Annina), Anne-Marguerite Werster (Marianne), Manfred Hemm (Le Baron Ochs), Lionel Lhote (Faninal), Olivier Ringehahn (Valzacchi), Raphaël Brémard (Un aubergiste/Majordome de la Maréchale), Erick Freulon (Un commissaire de police), Avi Klemberg (Un chanteur italien), François Castel (Un notaire), Ji Hyun Kim (L’intendant de Faninal), Zheng Zhong Zou (le laquais de la Maréchale
Chœur et Orchestre de l’Opéra de Marseille, Philippe Auguin (direction musicale)
Bruno Schwengl (décors et costumes), Davy Cunningham (lumières), Dieter Kaegi (mise en scène)


K. Aldrich & G. Fontana (© Christian Dresse)


Lorsque cette production du Chevalier à la rose a été présentée à l’Opéra de Monte-Carlo en 2006, elle a fait peu de bruit. Elle voyage aujourd’hui jusqu’à Marseille dans une distribution différente et risque fort de ne pas faire, ici non plus, l’objet d’un grand tapage médiatico-dithyrambique. Pourtant, la mise en scène Dieter Kaegi, d’une esthétique baroque très conventionnelle, est d’une lisibilité irréprochable, certes peu inventive. Le décor de Bruno Schwengl, agréable à regarder, ressemble à une sorte de grande terrasse où se déroule l’action, avec un fond de scène constitué d’immenses lauriers-roses (?) fleuris du meilleur effet.


Pour cette production, on a dévalisé le magasin des accessoires baroques : conques dorées, perruques poudrées, grands chandeliers d’argent ouvragés, passementeries précieuses, jabots de dentelles, rivières de diamants, aigrettes, tissus riches et même quelques vertugadins – certes petits - Renaissance. C’est aussi Bruno Schwengl qui signe les costumes et son travail est de très grande qualité.


Musicalement, chacun s’acquitte honorablement de sa partition, sauf peut-être la Sophie de Margareta Klobucǎr, sans doute en méforme hier soir : elle choisit un maintien parfois un peu godiche alors qu’on attend de ce personnage une certaine fragilité innocente et plus d’ardeur. Dans le registre aigu la voix est instable et le son produit peu musical.
Kate Aldrich est un Octavian de choix. La chanteuse utilise avec grand bonheur les couleurs de sa voix ronde et chaleureuse. Elle excelle, de même, dans l’exercice difficile du rôle travesti qui, pour les besoins de l’action, est amené à se re-travestir.
Manfred Hemm est un peu mal à l’aise au premier acte mais son incarnation du Baron Ochs s’affine au fil de l’ouvrage et l’Autrichien parvient à dessiner ce rustre lourd aux familiarités douteuses et gestes libidineux de façon convaincante. Hemm a la voix du rôle et le chanteur ne semble pas trop souffrir de l’étendue vertigineuse de sa tessiture.


C’est aussi une Autrichienne, Gabriele Fontana, qui interprète le rôle de la Feldmarschallin. Dramatiquement, elle campe une Maréchale de choix, tout en justesse, sans une once de sentimentalité ou de maniérisme, et son interprétation est d’une grande sincérité : nostalgique mais pas désespérée et on ne peut rêver des « sourires un peu tristes » plus évocateurs. Vocalement, son interprétation déçoit un peu. Le timbre de voix est un peu pâteux et les ascensions dans le registre aigu parfois laborieuses. Il est certain qu’elle n’éclipsera pas les Maréchales prestigieuses qui se sont produites sur cette scène : Elisabeth Schwarzkopf (1964), Régine Crespin (1971), et Léonie Rysanek (1985).


Olivier Ringehahn (Valzacchi) et sa complice Sophie Podjiclis (Annina) sont tous deux savoureux. Lionel Lhote donne fière allure à Faninal, tandis que tous les autres rôles sont tenus avec talent.


Dans la fosse, c’est Philippe Auguin qui préside aux destinées straussiennes de la phalange de l’Opéra. Outre le fait que l’orchestre et le chœur sont en grande forme, la direction n’est jamais routinière, toujours soignée et sans excès de lyrisme. Auguin est alerte et suit avec beaucoup d’aplomb les changements soudains de ton ou les transitions lestes entre les tutti et les passages narratifs orchestralement moins étoffés où seuls les premiers pupitres accompagnent les voix. Dans le sublime trio qui conclut l’ouvrage le chef sait être présent et ferme, sans toutefois voler la vedette aux chanteuses.


Mais la grande frustration de la soirée est venue du fait que l’on n’a pas servi de Sacher Torte aux entractes. Rassurons-nous, cependant, il paraît que pour la reprise de Marius et Fanny on aura droit à une gigantesque sardinade sur le parvis de l’Opéra.


La saison 2009/2010 de l’Opéra de Marseille



Christian Dalzon

 

 

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