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Concerto et symphonie atypiques

Paris
Salle Pleyel
09/26/2009 -  
Johannes Brahms: Concerto pour piano n° 2, opus 83
Dimitri Chostakovitch: Symphonie n° 11 «L’Année 1905», opus 103

Nelson Freire (piano)
London Symphony Orchestra, Valery Gergiev (direction)


N. Freire (© Mat Hennek)



La future résidence aixoise de l’Orchestre symphonique de Londres, à compter de l’été prochain, ne remet pas en cause celle qu’il effectue à Pleyel depuis la réouverture de la salle: cette troisième saison comprendra ainsi la suite de l’intégrale Beethoven dirigée par John Eliot Gardiner (30 et 31 janvier), mais aussi des concerts avec John Adams (16 mars) et Peter Eötvös (22 juin), le second s’inscrivant en outre dans le cadre de l’initiative pédagogique «Take a Bow!». Mais à tout seigneur tout honneur, puisque c’est avec son principal conductor, Valery Gergiev, que la phalange anglaise ouvre le feu – quasiment au sens propre, car au menu de chacun des deux copieux programmes figure une symphonie de Chostakovitch dont le propos évoque directement la première Révolution russe pour l’une (Onzième) et la Seconde Guerre mondiale pour l’autre (Huitième).


Ouvrant le premier concert, Nelson Freire confirme qu’il appartient au cercle restreint des grands interprètes de Brahms, dont il a récemment enregistré les deux Concertos avec Riccardo Chailly (Decca): solidité technique, profondeur de sonorité, puissance sans brutalité, souplesse du phrasé, tout concourt à faire du Second concerto (1881) un moment privilégié, ne forçant jamais l’expression, tout en s’autorisant un Allegretto grazioso final pour ainsi dire badin et guilleret. Mais celui qui transpire le plus, c’est bien sûr le chef russe, qui ne s’en laisse pas conter dans cette «symphonie avec piano principal»: bouillonnante, dramatique et intense, sa direction, narrative dès le solo de cor liminaire, comme un «il était une fois», évoque davantage l’atmosphère héroïque du Premier concerto ou même du Concerto «L’Empereur», entraînant un orchestre discipliné et malléable, dont la performance collective l’emporte sur certaines prestations individuelles. Gergiev se tient debout, en retrait, pour écouter le pianiste brésilien – qui reviendra à Pleyel pour un récital le 7 avril prochain – dans son bis favori, l’arrangement par Giovanni Sgambati (1841-1914) de la Plainte d’Orphée extraite du «Ballet des esprits bienheureux» du deuxième acte d’Orphée et Eurydice (1762) de Gluck, immatériel, une fois de plus avec une poésie d’une infinie délicatesse.


Renvoyant la politesse à Gergiev, il rejoint les rangs du public pour la seconde partie, consacrée, après un concerto atypique, à une symphonie en quatre mouvements enchaînés s’apparentant à un vaste poème symphonique de près d’une heure, la Onzième (1957) de Chostakovitch, dont le chef vient d’entreprendre une série avec son Orchestre du Mariinski pour le «label maison» qu’il vient de créer à l’image (et avec l’aide) de LSO Live. Ceux qui attendaient de lui des vrombissements tonitruants en auront été pour leurs frais, comme dans l’intégrale Prokofiev qu’il avait dirigée l’année dernière à Pleyel: l’atmosphère est certes saisissante dès les longues tenues des cordes dans «La Place du palais», mais il conserve toujours la tête froide et une certaine sobriété, n’exaltant pas outre mesure la dimension descriptive, presque cinématographique, de l’œuvre. Pour autant, l’âpreté et le mordant ne sont pas en reste, notamment dans «Le Tocsin». En privilégiant la musique pure sur la musique à programme, il confère à ce qui devait être à l’origine une célébration un peu convenue des événements de 1905 un caractère plus universel – le compositeur ayant lui-même suggéré avoir été inspiré par l’insurrection hongroise de 1956. L’orchestre fournit à nouveau une belle prestation d’ensemble et remercie le public par la brève Marche de L’Amour des trois oranges (1919) de Prokofiev, éblouissante et enlevée, scintillante et drôle, bref idéale.


Le site de l’Orchestre symphonique de Londres
Le site de Valery Gergiev
Le site de Nelson Freire



Simon Corley

 

 

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