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On aime Brahms

Paris
Salle Pleyel
09/20/2009 -  et 23 septembre 2009 (London)
Wolfgang Amadeus Mozart : Symphonie n°41 “Jupiter” en ut majeur K. 551
Johannes Brahms : Symphonie n°1 en ut mineur op. 68

Chicago Symphony Orchestra, Bernard Haitink (direction)


B. Haitink (© Fred Toulet/Salle Pleyel)


Deuxième orchestre prestigieux à être invité salle Pleyel après le Gewandhaus de Leipzig, l’Orchestre symphonique de Chicago y retrouve deux fois son chef Bernard Haitink, qui cédera la place à Riccardo Muti à la fin de cette saison. Dans le dernier palmarès établi par un jury de critiques internationaux, l’orchestre américain se retrouve à la très enviable cinquième place, après le Concertgebouw d’Amsterdam, les Philharmonies de Berlin et de Vienne, l’Orchestre symphonique de Londres… et juste avant l’Orchestre de la Radio bavaroise. Classement subjectif et difficile, à partir d’un certain niveau d’excellence, mais l’on ne contestera pas que Chicago mérite de figurer parmi les grands. Homogénéité de l’ensemble, qualité des différents pupitres, discipline exemplaire, rien ne manque… même si les cuivres ont, à quelques reprises, montré quelque faiblesse. Cela arrive à tout le monde, surtout quand il faut affronter la fatigue des tournées.


La Symphonie « Jupiter » de Mozart, en tout cas, laisse froid. Tiré à quatre épingles, très clair dans les lignes et les plans sonores, fouillé dans ses moindres nuances, l’Allegro vivace initial paraît beaucoup trop statique. On ne s’attend évidemment pas à voir le chef hollandais – physiquement fatigué – se muer en un baroqueux forcené, mais un Karl Böhm, par exemple, également adepte de tempos très mesurés, surtout à la fin de sa carrière, faisait avancer la musique de l’intérieur. Et tradition pour tradition, un Krips ou un Walter mettaient dans leur Mozart un irrésistible charme viennois. Ainsi, dans l’Andante, où l’émotion reste retenue, admire-t-on surtout la rondeur des sonorités, notamment du côté des bois, le raffinement de la dynamique. Pas d’accents marqués dans le Menuet : un impeccable legato, du rubato même. C’est finalement le Finale que le chef hollandais réussit le mieux : il en maîtrise parfaitement la polyphonie, dont chaque voix s’entend, ne lâchant jamais la bride à l’orchestre, prenant davantage la mesure de la dimension dramatique de la musique. Il n’empêche : 38 minutes pour la « Jupiter », cela fait long. Haitink, qui n’a jamais passé pour un mozartien né, peut pourtant réserver d’heureuses surprises, comme dans la Prague captée à Dresde en 2002.


Il se trouve, chez Brahms, sur un terrain beaucoup plus favorable : la Première Symphonie du compositeur hambourgeois est magnifique. Non qu’il se précipite, mais il avance, même s’il respire largement. Le premier mouvement, pour le coup, a une grandeur jupitérienne, pas seulement dans l’Introduction : l’Allegro est grandiose, avec une tension toujours maintenue, sans que la pâte sonore s’épaississe. Le chef hollandais, en effet, dirige en architecte, en bâtisseur soucieux des proportions, dans une vision très organique de l’ensemble, où tout se répond et s’articule. Vision profonde et sombre aussi, aux accents de catastrophe, de fin du monde – violence du début de la coda, où les timbales se déchaînent. L’Andante est très émouvant dans son lyrisme mélancolique, par la chaleur des cordes, l’intensité des phrasés, la couleur moirée des bois – en particulier les solos de hautbois et de clarinette dans la partie médiane. Des bois toujours aussi séduisants dans le « Poco allegretto e grazioso », souple et souriant, où les échanges avec les cordes sont un vrai dialogue pastoral, que la section centrale, qui n’alourdit pas le discours, prolonge plus qu’elle ne rompt. L’Introduction du Finale, très narrative et jamais décousue, est d’un dramatisme puissant dans l’esprit du premier mouvement, et d’une magnifique tenue instrumentale, avec des pizzicatos d’une précision parfaite et des crescendos superbes. Le célèbre thème des cordes inaugure ensuite un Allegro non troppo ma con brio jubilant mais toujours équilibré dans sa polyphonie, tant le chef tient son orchestre, jusque dans la coda, où l’on dérape souvent. On peut évidemment préférer des interprétations davantage marquées par le risque, l’audace, la fulgurance hallucinée de l’instant : il n’en reste pas moins que ce Brahms est somptueux.


Le site de l’Orchestre symphonique de Chicago



Didier van Moere

 

 

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