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Rentrée mahlérienne

Paris
Salle Pleyel
09/16/2009 -  et 17* septembre 2009
Gustav Mahler : Symphonie n° 3

Mihoko Fujimura (mezzo-soprano)
Chœur de l’Orchestre de Paris, Didier Bouture et Geoffroy Jourdain (chefs de chœur), Maîtrise de Paris, Patrick Marco (chef de chœur), Orchestre de Paris, Christoph Eschenbach (direction)





Pour son début de saison, Christoph Eschenbach, dans sa soixante-dixième année, achève tout à la fois son séjour parisien en tant que directeur musical de l’Orchestre de Paris et son intégrale des symphonies et cycles de lieder de Gustav Mahler, à l’occasion d’un programme de rentrée, dont la seconde soirée n’aura réussi à remplir la salle Pleyel qu’à un niveau honorable. On le sait, cette nouvelle saison culminera, pour le chef allemand, en février (à l’occasion d’une « semaine anniversaire » autour de la cantatrice Waltraud Meier, du violoniste Gidon Kremer, du violoncelliste Yo-Yo Ma et du pianiste Tzimon Barto) et en juin prochains (pour deux concerts de fin de mandat). Mais la programmation de la plus longue des symphonies mahlériennes est emblématique à plus d’un titre. Comme le rappellent les notes de concert, la Troisième (1896) fut la première œuvre de Gustav Mahler que l’Orchestre de Paris interpréta (c’était en 1970, avec Leonard Bernstein). C’est peut-être également la symphonie où le chef d’orchestre allemand se révèle le plus convaincant, celle où il parvient le mieux à habiter les silences et organiser la succession des atmosphères et des rythmes, passant du kitsch au névrotique sans crier gare. On a assez souvent décrit le mélange d’intérêt et de déception que l’approche d’Eschenbach a généré dans Mahler, de l’enthousiasme des débuts (voir ici) aux témoignages plus contrastés des années 2000 (voir ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici, ici et ici), pour souligner la réussite du concert de ce soir. Il faut dire que la salle Pleyel constitue un écrin bien plus adapté que Mogador pour les musiciens parisiens, en particulier dans les derniers rangs.


Le premier mouvement de la Troisième symphonie repose sur une conception noire et violente, tendue comme un fil de fer (vraiment Kräftig, Entschieden), portée par un chef habité par une page dans laquelle il ose ralentis extatiques et crescendos enragés. Il ne saurait contraster davantage avec la tendresse alerte et espiègle du Tempo di Menuetto comme avec le début du troisième mouvement, aussi objectivement joyeux qu’étonnement léger. Le Sehr langsam est effectivement très lent, si lent que le message musical en devient transparent, rendant bien ardue la tâche de la cantatrice, et plombe l’intérêt du Lustig im Tempo und keck im Ausdruck, réduit au rôle décoratif de mouvement de transition. Obsessionnel et déroutant, le gigantesque mouvement conclusif, Langsam. Ruhevoll. Empfunden, laisse un souvenir peut-être moins marquant qu’en 2004 mais étonne sans cesse, Eschenbach cherchant à déconstruire les grandes phrases musicales comme pour en exalter l’autonomie dans un déroutant mais captivant travail sur la liberté du rythme.


Malgré un certain nombre d’imperfections dans les attaques (cuivres notamment) et de défauts de concentration, les musiciens parisiens font honneur à leur rang, à commencer par le remarquable trombone solo. Si le très attendu solo de cor de postillon déçoit (le choix d’un tempo très allant se traduisant par un déficit de profondeur et mystère), on ne manquera pas de souligner la beauté objective du son des cordes, dont Eschenbach avive moins les aspérités que les qualités de transparence, de légèreté et de tendresse. La réussite vocale est moins évidente, les choristes manquant cruellement de précision (dans l’articulation comme dans les attaques) alors que Mihoko Fujimura nous a habitué à davantage de longueur et de rondeur dans la voix.


Fin du cycle Mahler de l’Orchestre de Paris avec Christoph Eschenbach : le mois prochain, avec la Septième symphonie puis Das Lied von der Erde.


Le site de l’Orchestre de Paris



Gilles d’Heyres

 

 

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