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L’expression disséquée Paris Théâtre de la Ville 09/15/2009 - et 16*, 17, 18 septembre, 1, 2, 3, 4 avril Kurt Weill : L’Opéra de quat’sous Berliner Ensemble
Stefan Kurt (Macheath), Christina Drechsler (Polly Peachum), Veit Schubert (Jonathan Peachum), Traute Hoess (Celia Peachum), Axel Werner (Brown), Anna Graenzer (Lucy)
Robert Wilson (mise en scène)
Double événement pour cet Opéra de quat’sous avec la présence du Berliner Ensemble, l’une des plus formidables troupes de théâtre en Europe, et le metteur en scène Robert Wilson. On pourrait craindre que la rigueur et le formalisme de l’américain n’étouffe l’expressivité des acteurs, pas du tout, il ne la souligne que mieux au contraire. Des décors abstraits et rectilignes, des lumières accentuant les contrastes focalisent l’attention sur les visages maquillés, grimés même, reprenant des mimiques de cinéma muet. Tout, dans les gestes, est réécrit, recomposé, antinaturel (au sens d’un refus absolu du laisser-aller) pour ainsi décomposer l’expression, et mieux même, la déconstruire avec des effets loupe, des ralentis, des suspensions du temps, des bruitages (le gratouillis d’un vieux disque au début de certains airs !). De la même façon qu’un clown nous interroge aussi sur nos propres expressions, Wilson dissèque le travail du comédien pour interroger le théâtre en soi. Car nous avons droit, signalons-le, à la version intégrale de l’œuvre, avec tous les textes, soit trois heures (contre les trente minutes d’airs auxquelles on réduit souvent L’Opéra de quat’sous). Travail brillant, captivant, magistralement porté par les comédiens du Berliner Ensemble, on avait pu voir les mêmes protagonistes dans les Sonnets de Shakespeare lundi 7 septembre sur Arte. C’est complet, mais le spectacle est repris du 1er au 4 avril. On espère aussi un DVD de ce spectacle, ainsi que des Sonnets…
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Philippe Herlin
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