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Le paradis et les bonnes intentions

Paris
Salle Pleyel
09/11/2009 -  et 13 (Bâle), 15 (Martigny), 16 (Schaffhausen), 17 (Vaduz), 19 (Bucuresti)
Felix Mendelssohn: Les Hébrides, opus 26 – Symphonie n° 3 «Ecossaise», opus 56
Wolfgang Amadeus Mozart: Concerto pour piano n° 23, K. 488

Maria Joao Pires (piano)
Kammerorchester Basel, David Stern (direction)


David Stern (© Sergeï Bermeniev)



David Stern, fils du grand violoniste (et frère cadet de Michael, directeur musical du Kansas City Symphony), est lui-même directeur musical de l’Orchestre de Saint-Gall depuis la saison dernière, mais il travaille également de façon régulière avec l’Orchestre de chambre de Bâle, en compagnie duquel il débute salle Pleyel une tournée qui, outre la Suisse, le conduira au Liechtenstein et en Roumanie. La formation helvète, qui célèbre cette année son quart de siècle, s’est fait connaître dans le répertoire baroque, qu’elle cultivera comme de coutume au Théâtre des Champs-Elysées (dans un opéra puis un oratorio de Haendel, Ezio le 14 novembre et Athalia le 2 décembre). Mais elle s’aventurera jusqu’à Offenbach le 11 janvier, à nouveau à Pleyel, dans La Grande-duchesse de Gerolstein sous la direction d’Hervé Niquet. David Stern, lui aussi, s’est fait un nom dans la musique baroque, notamment à la tête de son ensemble Opera fuoco, qui, outre un concert Purcell au Théâtre des Champs-Elysées le 13 novembre, sera ensuite présent en Ile-de-France pour la reprise de Don Juan de Mozart (voir ici) mais aussi Orphée de Telemann et Jules César de Haendel.


Faubourg Saint-Honoré, la rentrée est décidément placée sous le signe de Mendelssohn – bicentenaire oblige: trois jours après que Riccardo Chailly et le Gewandhaus ont rappelé ses affinités avec l’Italie (voir ici), c’est le tour de l’inspiration qu’il trouva à l’occasion de son voyage en Ecosse de 1829. Tant dans l’ouverture Les Hébrides (1830) que dans la Troisième symphonie «Ecossaise» (1842) c’est une impression mitigée qui l’emporte. L’effectif (vingt-neuf cordes en boyau) peine à remplir le volume de Pleyel, qui ne constitue pas un écrin idéal pour des ensembles de ce calibre, même si l’acoustique restitue les détails avec sa fidélité coutumière. La prestation des différents pupitres se révèle en outre inégale, entre l’excellence des clarinettes et la fiabilité toujours aléatoire des cuivres naturels, qui, de même que les timbales anciennes, apportent heureusement en contrepartie leur sonorité sortant de l’ordinaire. La cohésion des musiciens bâlois, notamment dans le difficile Vivace non troppo (bissé), mérite en outre d’être saluée.


Cependant, avec un effectif instrumental comparable, le Mendelssohn de Semyon Bychkov et de l’Orchestre de chambre d’Europe avait davantage convaincu en mai dernier (voir ici). Pétrie de bonnes intentions, la direction de David Stern donne néanmoins une lecture trop fragmentée des deux partitions, s’efforçant sans cesse par des relances à la fois raides et spectaculaires de maintenir une tension qui, tôt ou tard, n’en retombe pas moins. Ses visées dramatiques, tel son souci de respecter l’enchaînement attaca des quatre mouvements, ne se révèlent le plus souvent que théâtrales: d’une agitation parfois vaine et confuse dans les tutti, elles ne parviennent pas toujours à éviter prosaïsme et superficialité.


Tout le contraire de Maria João Pires, en somme: le programme obéissant à la traditionnelle séquence ouverture-concerto-symphonie, la pianiste portugaise s’était illustrée, avant l’entracte, dans un exemplaire Vingt-troisième concerto (1786) de Mozart. Dialoguant avec une formation encore plus réduite (vingt-trois cordes), elle en tire parti pour développer une approche plus chambriste que soliste, d’une admirable simplicité, sur la corde raide entre le trop et le trop peu, sortant à peine de son quant-à-soi dans l’Allegro assai final. En bis, on retrouve le cantabile sobre et miraculeux de l’Adagio dans la Sonate en la K. 208 (1753) de Scarlatti: si les bonnes intentions mendelssohniennes avaient pavé le purgatoire, sinon l’enfer, c’est ici le paradis, auquel Pleyel offrira le 30 janvier prochain une chance supplémentaire d’accéder, dans le cadre de la suite de l’intégrale des Concertos de Beethoven avec l’Orchestre symphonique de Londres et John Eliot Gardiner, dont les deux premiers volets ont laissé un souvenir ému (voir ici et ici).


Le site de l’Orchestre de chambre de Bâle



Simon Corley

 

 

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