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Pleyel donne le la

Paris
Salle Pleyel
09/08/2009 -  
Luigi Nono: Composizione per orchestra n° 1
Felix Mendelssohn: Symphonie n° 4 «Italienne», opus 90
Ludwig van Beethoven: Concerto pour piano n° 4, opus 58

Maurizio Pollini (piano)
Gewandhausorchester Leipzig, Riccardo Chailly (direction)


M. Pollini et R. Chailly (© Fred Toulet/Salle Pleyel)



C’est reparti! Première grande institution à effectuer sa rentrée, Pleyel donne le la accueillant l’étape parisienne de la tournée européenne de l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig et de son directeur musical, Riccardo Chailly. Coup d’envoi en forme de coup d’éclat, certes, mais pour la salle de la rue du faubourg Saint-Honoré, cette soirée inaugurale s’inscrit avant tout dans la continuité, et ce à un double titre. D’abord parce qu’elle marque l’arrivée à mi-parcours des neuf concerts «Pollini Perspectives», un cycle entamé en janvier dernier (voir ici et ici) et qui se poursuivra jusqu’en juin 2010. Ensuite, parce que la venue de la prestigieuse phalange saxonne, plutôt qu’un feu de paille, constitue la première salve d’un feu d’artifice aussi spectaculaire que celui des saisons précédentes: invoquant les conséquences de la crise économique, le Symphonique de Boston a certes renoncé à faire le déplacement, mais la liste des formations invitées n’en demeure pas moins impressionnante – outre le Symphonique de Londres, poursuivant sa résidence parisienne, les Philharmoniques de Berlin et de New York, les Symphoniques de Chicago et de Pittsburgh, le Concertgebouw d’Amsterdam, la Staatskapelle de Berlin...


Ainsi que l’indique Martin Kaltenecker dans le somptueux programme de salle réalisé pour ces «Pollini Perspectives» (et vendu, une fois n’est pas coutume, au prix de 10 euros), Composizione per orchestra n° 1 (1951) de Nono – une seconde devait suivre huit ans plus tard – dissimule derrière un titre abstrait et une écriture typique de son époque une sorte de poème symphonique narrant le destin tragique d’un résistant tchèque: Chailly met en valeur cette dimension programmatique, attentif aux timbres, à l’expression et au chant, puis exacerbant les tensions jusqu’à la péroraison confiée aux seules percussions.


Abordant ensuite la Quatrième symphonie «Italienne» (1833) de Mendelssohn, l’orchestre rend, comme en février dernier (voir ici), l’hommage attendu à celui qui en fut le Kapellmeister et dont est célébré le bicentenaire de la naissance. Au demeurant, ses qualités instrumentales sont telles que l’auditeur ne se serait sans doute guère offusqué de ce que les musiciens allemands se contentent de se lover douillettement dans leur grande tradition. Rien de tel, cependant, car le chef italien ne branche pas le pilote automatique, mais livre une interprétation à la fois élégante et finement ouvragée, conjuguant confort sonore et rebond rythmique, transparence et puissance, pour rendre justice à cet équilibre si typiquement mendelssohnien entre classicisme et romantisme: ainsi de cette tension qu’il obtient dans le Finale sans recourir pour autant à un tempo précipité ou effréné. En outre, de même qu’il s’était intéressé aux Symphonies de Schumann en jouant et enregistrant leur révision par Mahler, il fait ici aussi preuve d’originalité en choisissant la «version authentique» de Breitkopf & Härtel, dont il a donné la première mondiale (!) le 28 août à Leipzig. La surprise est d’autant plus grande que le programme n’en pipait mot et que les différences avec l’édition traditionnellement utilisée apparaissent tout sauf négligeables, notamment dans les deux derniers mouvements. Il est toujours passionnant de pouvoir entrer ainsi dans l’atelier du compositeur et regarder par-dessus son épaule: sous ce nouveau jour, l’œuvre paraît moins aboutie, peut-être aussi parce que l’oreille est trop accoutumée à la version «traditionnelle», mais tant par son caractère plus abrupt que par ses curiosités harmoniques et mélodiques, elle prend parfois un tour schumannien tout à fait inattendu, à l’image du saltarello conclusif, moins radieux qu’à l’accoutumée.


A quoi reconnaît-on une véritable star? C’est qu’elle joue son concerto après l’entracte, afin d’accroître l’impatience des spectateurs... et d’éviter que certains d’entre eux ne soient tentés de quitter la salle après la première partie. Dans le Quatrième concerto (1806) de Beethoven, Pollini, malgré une (relative) méforme technique, demeure fidèle à sa légende, mélange de maîtrise et d’humilité, préférant restituer le texte dans toute sa vérité que de s’attarder sur les détails et ne s’autorisant pas d’autre extravagance que d’opter, dans le premier mouvement, pour la rare cadence alternative écrite par Beethoven. Une assurance et une sérénité presque étales – l’orchestre offrant néanmoins plus de contrastes – qui susciteraient davantage l’admiration que l’enthousiasme si le pianiste ne continuait pas de tenir une place privilégiée dans le cœur du public, qui ne parviendra toutefois pas à obtenir de bis.


La prochaine étape des «Pollini Perspectives», confrontant Chopin à Nono, se déroulera le 13 octobre. Quant à Riccardo Chailly, il sera de retour les 20 et 21 mai, cette fois-ci au Théâtre des Champs-Elysées à la tête de l’Orchestre national de France pour diriger Varèse, Schönberg et Ravel.


Le site de l’Orchestre du Gewandhaus de Leipzig



Simon Corley

 

 

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