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Concert de rodage pour tous publics

Strasbourg
Palais de la Musique et des Congrès
07/02/2009 -  et 10 Juillet (Festival de Ravello (Jardins de la Villa Rufolo)
Ludwig van Beethoven : Ouverture Leonore III – Concerto pour piano N°4 Op. 58
Henri Dutilleux : Métaboles
Maurice Ravel : La Valse

Lars Vogt (piano)
Orchestre Philharmonique de Strasbourg, Marc Albrecht (direction)


L. Vogt (© Anthony Parmelee)


Ce « Concert découverte », ultime soirée de la saison 2008/2009 de l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg, s’adresse à un public inhabituel, auquel toutes les places ont été proposées au tarif attractif de dix euros. Des auditeurs peu familiers du rituel du concert, si l’on en juge par les applaudissements chaleureux qui saluent la fin du premier mouvement du Quatrième Concerto pour piano de Beethoven ou par les innombrables toux qui pilonnent le second mouvement de ce même concerto. Au cours du Nocturne de Chopin accordé en bis un silence religieux réussit en revanche à s’installer : question d’accessibilité plus évidente du texte musical interprété, sans doute... Un concert à l’ambiance plus décontractée que d’habitude, donc, mais fallait-il pour autant laisser accéder à la salle, alors que l’orchestre a déjà attaqué, une cohorte de retardataires qui partent à la recherche de leur place numérotée en bousculant des rangées entières à grand renfort d’excuses bruyantes et de sièges claqués ? La question peut quand même se poser.


Pour l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg, cette exécution publique sert également de test grandeur nature avant un déplacement italien, le même programme étant prévu en plein air quelques jours plus tard dans le cadre enchanteur du Festival de Ravello, sur la côte amalfitaine. Un concert de représentation, dont les ambitions sont audibles dès les premiers accords de l’Ouverture Léonore III, superbement phrasés. Impossible en revanche de se prononcer sur les mesures suivantes, réduites à l’état de «blanc» dans notre secteur de la salle par les retardataires déjà cités. Quand une écoute normale redevient possible, la situation semble dégradée, avec des traits de cordes peu homogènes et quelques défaillances des cuivres, dont un fatidique solo de trompette plutôt incertain. Aucune autre défaillance ne se produit heureusement ensuite, au cours de ce concert dont il faut au contraire souligner la très bonne tenue technique.


Remplaçant Nelson Freire, qui a annulé sa participation quelques semaines auparavant, le pianiste allemand Lars Vogt imprime au Quatrième Concerto de Beethoven des impulsions vigoureuses, grande manière beethovenienne qui n’est plus forcément habituelle à notre époque de visions plus détaillées, voire inutilement maniérées. Efficacement relayée par l’accompagnement de Marc Albrecht, cette conception très entière pêche par quelques abus de pédale forte qui noient les traits de virtuosité mais conserve continuellement une fière allure. Difficile de se prononcer sur le second mouvement, où ne peut s’instaurer aucune vraie communication avec un public distrait. En revanche les carrures martiales du Rondo final séduisent par la remarquable absence de ces petites trouvailles décoratives tant prisées à notre époque, accidents de parcours qui ne font finalement que perturber un flux musical qui devrait couler de source. Leif Ove Andnes confirme ici sa stature de musicien sérieux et honnête, sur lequel on peut compter: un soliste invité semblant à même d’établir une véritable communion musicale avec l’Orchestre Philharmonique de Strasbourg qui, on l’espère, le réinvitera régulièrement.


Seconde partie française, pour ce concert destiné à l’exportation, avec en première place les incontournables Métaboles de Dutilleux, dont on peine toutefois à imaginer le rendu en plein air, même sous les étoiles bienveillantes d’un ciel napolitain. Dans la salle à l’acoustique impeccable du Palais des Congrès le résultat est en tout cas admirable de subtilité, voire de fiabilité dans la restitution des détails d’une partition que l’orchestre a fréquentée régulièrement et qu’il maîtrise aujourd’hui remarquablement bien. Accueil chaleureux de la salle après l'impact fracassant des dernières mesures, un succès qui n’était certainement pas gagné d’avance.


Avant un ultime retour au répertoire allemand (le Prélude du 3e Acte de Lohengrin, bis tonitruant mais bien maîtrisé), le tourbillon fatal de La Valse de Ravel, autre cheval de bataille de l’orchestre, est entraîné par Marc Albrecht avec une énergie magistrale: une exécution exemplaire, d’une rapidité et d’une musculature dignes des ébullitions suscitées naguère par un Charles Munch. On espère ce genre de miracle reproductible, mais en tout cas, ce soir-là, la vitalité de cette œuvre prodigieuse convainc comme rarement.



Laurent Barthel

 

 

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