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United colors of Mozart

Saint-Céré
Prudhomat (Château de Castelnau-Bretenoux)
07/29/2009 -  et 1er, 3, 6, 9, 13*, 15 août (Saint-Céré), 20 novembre (Cahors), 4 (Alençon), 11 (Clermont-Ferrand), 19 (Tarascon) décembre 2009, 21 (Rodez), 23 (Saint-Louis), 30, 31 (Blagnac) janvier, 5 (Carcassonne), 12 (Le Chesnay), 25 (Ettelbruck), 28 (Miramas) février, 12, 13 (Grenoble), 16 (Coignières), 20, 21, 23, 24 (Massy), 28 (Garges-lès-Gonesse) mars, 13, 14 (Rabat), 15 (Casablanca) avril 2010
Wolfgang Amadeus Mozart : Die Zauberflöte, K. 620
Patrick Schramm (Sarastro), Raphaël Brémard (Tamino), Alain Herriau (Sprecher, Erster Priester), Burcu Uyar (Königin der Nacht), Marion Tassou (Pamina), Dorothée Leclair (Erste Dame), Sabine Garrone (Zweite Dame), Mélodie Ruvio (Dritte Dame), Christophe Gay (Papageno), Sarah Laulan (Pagagena), Marc Larcher (Monostatos), Agathe Peyrat, Marielou Jacquard, Albane Meyer (Drei Knaben), Samuel Oddos (Zweiter Priester, Erster geharnischter Mann), Mathieu Toulouse (Zweiter geharnischter Mann)
Corine Durous (chef de chant), Orchestre du Festival de Saint-Céré, Joël Suhubiette (direction musicale)
Eric Perez (mise en scène), Damien Lefèvre (assistant à la mise en scène), Patrice Gouron (décors et lumières), Jean-Michel Angays et Stéphane Laverne (Studio Fbg 22-11) (costumes), Pascale Fau (maquillage), Loran (peintures)


M. Tassou, P. Schramm, R. Brémard (© Nelly Blaya)



Avec le spectacle «Berlin années 20!» (voir ici), La Flûte enchantée (1791) est l’une des deux nouvelles productions du millésime 2009 du Festival de Saint-Céré. Dans le cadre magique du château de Castelnau-Bretenoux (XIIIe-XVIIe) et de son «dîner du terroir» face au soleil couchant, au pied des remparts, le panorama des opéras mozartiens entamé au cours des précédentes éditions avec L’Enlèvement au sérail, Les Noces de Figaro, Don Giovanni et même Bastien et Bastienne se poursuit, mais, une fois n’est pas coutume, sans Olivier Desbordes ni Dominique Trottein, auxquels se substituent respectivement Eric Perez et Joël Suhubiette.


Le metteur en scène, qui est par ailleurs l’ange déchu et le crooner chuchotant de la «revue» de Spoliansky et Schiffer tout en participant à un programme de songs de Weill, s’est plié avec inventivité aux contraintes du lieu. Comme souvent à Saint-Céré, il revient ainsi aux petits rôles de déplacer les éléments de scénographie: conçus par Patrice Gouron, ils se réduisent à des cadres parallélépipédiques figurant temples, portails et tours, mais dont les montants servent aussi de support successivement à un polyptique (portrait de Pamina), à des néons, à une vitre, à un miroir et à des panneaux colorés. En apparence aisé à mouvoir et à transformer, le dispositif requiert toutefois des manipulations un peu longues qui cassent parfois le rythme de la représentation. L’ensemble conserve à un caractère allusif, telle cette guirlande électrique rouge figurant le serpent, mais n’omet pas les indispensables flûte et clochettes magiques.


La conception d’Eric Perez se fonde avant tout sur une symbolique des couleurs. Le plateau consiste en un grand carré noir entouré d’une rampe lumineuse: il est lui-même constitué de quarante-neuf carrés noirs qui, retournés au fur et à mesure durant le second acte, révèlent chacun une face colorée. Cinq teintes fondamentales (jaune, rouge, vert, bleu, fuchsia), qui trouvent un écho dans les costumes créés par le studio «Fbg 22-11» (Jean-Michel Angays et Stéphane Laverne), notamment pour les dames, les enfants et les prêtres, vont petit à petit envahir tout le champ visuel: chaises d’école de part et d’autre de la scène, pinceaux de lumière projetés sur les murs du château et, surtout, habits du couple élu. S’il apparaît de façon assez traditionnelle vêtu de blanc dès l’ouverture, au fil de son parcours initiatique, la robe, la chemise et le pantalon se couvrent d’une géométrie à la Mondrian dans laquelle s’inscrivent les cinq couleurs: une apologie de l’apprentissage de la diversité bien dans l’esprit du message maçonnique qui sous-tend l’œuvre de Mozart et Schikaneder. A contrario, Papageno et Papagena, auxquels est refusé le «plaisir céleste des initiés» bien qu’ils se joignent aux réjouissances finales, demeurent – respectivement en rouge et en jaune – monocolores des pieds à la tête.


Avec un musicien par pupitre pour les vents, à l’exception des deux flûtes et deux clarinettes (ou cors de basset), timbales, glockenspiel et treize cordes, la partition n’a nécessité que de menues adaptations. Quant à l’absence de chœur, elle trouve sa solution soit dans une version purement instrumentale (chœur des prêtres au second acte), soit, le plus souvent, dans le recours aux solistes, mobilisant de trois à dix chanteurs, et même, pour le chœur conclusif, tous les seize, face au public, comme pour tirer la morale de l’histoire. Par ailleurs, les dialogues, réduits et modernisés, sont dits en français, à la plus grande satisfaction du public, qui rit de bon cœur. Dans la «fosse», c’est-à-dire sur le côté cour de la scène, Joël Suhubiette mène rondement l’Orchestre du festival, dans un style qui ne dissimule pas sa dette aux interprétations sur instruments anciens. Sans pécher par raideur ni sécheresse, sa direction tend cependant au prosaïsme tant elle est carrée.


Mais si cette Flûte enchantée paraît si fraîche et jeune, on le doit aussi à une remarquable troupe de chanteurs dont la moyenne d’âge se situe autour de la trentaine, les niveaux d’expérience respectifs trouvant une heureuse correspondance dans les différents emplois de la distribution. On retrouve ainsi Burcu Uyar (née en 1978) en Reine de la nuit, un rôle semble-t-il plus à sa mesure que celui de Violetta qu’elle incarne également au cours de cette édition (lire ici). De même, Patrick Schramm (né en 1974) accomplit déjà un début de carrière très prometteur, que confirme un Sarastro qui possède toutes les notes de sa partie et la noblesse de phrasé appropriée. Le Tamino de Raphaël Brémard (né en 1976), au timbre léger et encore un peu vert, ne soigne pas toujours parfaitement la justesse. Il est vrai qu’aux cotés d’une Pamina d’exception, la comparaison ne peut que jouer à son désavantage: Marion Tassou (née en 1984) offre en effet le véritable miracle de la soirée, d’une perfection et d’une aisance surnaturelles tant dans la technique que dans l’expression, radieuse en même temps que d’une maturité sidérante. Acteur très assuré et plein d’énergie, capable de bonds prodigieux, le Papageno de Christophe Gay a néanmoins tendance à parler davantage qu’à chanter, ce qu’il fait pourtant fort bien.


Comme aucun rôle secondaire n’est négligé (l’Orateur, Monostatos, Papagena) et comme les deux trios (dames et enfants) sont exquis à souhait, la conclusion s’impose: il ne faut pas rater l’occasion de découvrir cette production à la faveur de la tournée qu’elle effectuera en France l’hiver prochain.


Le site de Patrick Schramm



Simon Corley

 

 

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