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Un Arturo pour Les Puritains Savonlinna Olavinlinna 07/29/2009 - et 31 juillet Vincenzo Bellini : I Puritani Francesco Palmieri (Lord Gualtiero Valton), Burak Bilgili (Sir Giorgio Valton), Celso Albelo (Lord Arturo Talbot), Vincenzo Taormina (Sir Riccardo Forth), Amedeo Moretti (Sir Bruno Robertson), Federica Proietti (Enrichetta), Désirée Rancatore (Elvira)
Chœur et Orchestre du Teatro Massimo de Palerme, Srboljub Dinic (direction)
Elisabetta Marini (mise en scène)
C. Albelo, D. Rancatore (© Timo Seppäläinen/Itä-Savo)
Seconde production du Teatro Massimo de Palerme présentée au festival, Les Puritains – jamais encore donnés en Finlande – convainquent moins, dans l’ensemble, que Cavalleria et Paillasse (lire ici). Très – trop – littérale, la mise en scène d’Elisabetta Marini, d’abord, pâtit d’une direction d’acteurs minimale, voire indigente, laissant chacun quasiment livré à lui-même dans son costume d’époque. On aurait dû, aussi, se contenter du mur comme décor : ces épées dressées vers le ciel, qu’on déplace laborieusement comme on déplaçait les colonnes dans Lucia, ce mur semblent importés de Disneyland. Il s’ouvre heureusement, en revanche, au moment de la folie d’Elvira, pour la montrer enfermée dans une cage de verre. Cela dit, il a fallu, encore une fois, adapter à la scène de Savonlinna un spectacle prévu pour le plateau du Massimo. Et comme chacun croit à ce qu’il chante, à commencer par la protagoniste, la machine tourne, finalement.
Musicalement, l’orchestre et les chœurs, une fois de plus se distinguent. Sans atteindre à l’élégance de Donato Renzetti dans Cavalleria et Paillasse, la direction du chef serbe Srboljub Dinic s’avère efficace et nuancée, garantissant l’homogénéité de la production au-delà d’évidentes disparités au niveau du chant. Excellente cantatrice eu demeurant, Désirée Rancatore, par exemple, ne peut prétendre adapter sa voix de soubrette, au médium et au grave d’une discrétion rédhibitoire, à la vocalité d’Elvira – la Grisi, authentique soprano pourtant, était tout sauf un rossignol. Elle doit, du coup, tirer le rôle vers un emploi de soprano léger, en particulier à la faveur d’une ornementation qui n’est justement rien d’autre qu’ornementation, de quoi enlever au personnage son mystère lunaire, son épaisseur tragique, d’autant plus que les couleurs manquent singulièrement : malgré les apparences, le grand soin apporté au chant, notamment dans « Qui la voce sua soave », on cherche en vain ici l’authentique bel canto – cela n’empêche pas, bien au contraire, la Palermitaine de triompher.
Le ténor espagnol Celso Albelo, en revanche, impressionne en Arturo, par l’insolence d’une voix longue à l’émission haute et au vibrato serré, capable d’attaquer à cru et sans recours au falsetto le fameux contre-fa de « Credeasi, misera » au troisième acte. Très stylé à défaut d’être d’un raffinement patricien, le ténor livre une interprétation d’un romantisme tantôt conquérant tantôt douloureux, heureusement jamais tenté par le vérisme – on aimerait l’entendre en Eleazar à Tel Aviv ou à Rome. Vincenzo Taormina, à côté, ne peut que paraître fruste et débraillé : pas de ligne, des aigus poussés, l’exact opposé de ce qu’il faut. Récemment remarquée à Genève dans Le Trouvère, la basse turque Burak Bilgili compense le charbon de son timbre par une grande noblesse de ligne et de phrasé, faisant de Sir Giorgio une figure tutélaire et empathique, mais jamais chenue, avec un « Cinta di fiori » parfaitement tenu.
Didier van Moere
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