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Le Festival «Jeunes talents» privé de plein air Paris Hôtel de Soubise 07/24/2009 - Wolfgang Amadeus Mozart : Sonate pour violon et piano n° 25, K. 293a [301]
César Franck : Sonate pour violon et piano
Karol Beffa : Sillages pour piano
Ludwig van Beethoven : Sonate pour violon et piano n° 9 «A Kreutzer», opus 47
Yuki Janke (violon), François Dumont (piano)
François Dumont
Le beau temps est enfin revenu, mais de façon trop tardive et trop incertaine pour que le Festival «Jeunes talents» puisse songer à reprendre ses concerts dans la cour de l’hôtel de Soubise. On se console d’autant plus facilement de retrouver la salle des gardes, à l’étage, que l’atmosphère y est devenue moins étouffante et qu’elle est acoustiquement plus appropriée pour un récital de violon et piano, associant pour la première fois, dans un programme de grands classiques qui a attiré un nombreux public, deux fidèles de «Jeunes talents»: Yuki Janke (vingt-deux ans), titulaire d’un premier prix au Concours de Pampelune (2007), d’un deuxième prix au Concours Paganini de Gênes (2004) et au Concours Leopold Mozart d’Augsbourg (2006) ainsi que d’un troisième prix au Concours Tchaïkovski (2007), d’une part, et François Dumont (vingt-trois ans), finaliste du Concours Reine Elisabeth (2007), d’autre part.
Dans la Vingt-cinquième sonate (1778) de Mozart, c’est plutôt l’opposition de deux tempéraments, le legato du violon contrastant avec l’énergie du piano. Mais autant, deux jours plus tôt, le couvercle ouvert du Steinway avait paru parfois écraser l’alto de Wen Xiao Zheng, autant Yuki Janke parvient à s’imposer sans peine. L’ensemble avance, respire avec naturel, sans effets, mais aussi sans ennui: une excellente entrée en matière. La Sonate (1886) de Franck, hormis la tendance un peu agaçante qu’à la violoniste de «pleurer» pour passer d’une note à l’autre, offre le plaisir d’entendre un véritable un duo, avec un clavier nullement réduit au statut d’accompagnateur, sérieux et articulé, faisant découvrir maint détail dans cette partition pourtant bien connue.
Compositeur invité du Festival «Jeunes talents», Karol Beffa est représenté non par une page pour violon et piano, mais par les cinq minutes de Sillages, œuvre imposée de l’édition 2003 du Concours Piano Campus, qui pourrait évoquer l’un ou l’autre des Préludes de Messiaen... écrits trois quarts de siècle plus tôt. C’est la Neuvième sonate «A Kreutzer» (1803) de Beethoven, autre pilier du répertoire piano/violon du XIXe, également en la, qui conclut la soirée: les deux musiciens se retrouvent sur le terrain de la détermination, de la combativité et du conflit. Plus libre que dans Franck, où elle avait la partition sous les yeux, la violoniste, malgré des inégalités de sonorité et d’intonation, fait corps avec cette approche volontariste et rentre-dedans, qui réussit particulièrement dans les mouvements impairs, tandis que l’Andante à variations central paraît plus étale. A côté de ce géant de la littérature chambriste, le bref Scherzo de la Cinquième sonate «Le Printemps» (1801) donné en bis fait figure de Lilliputien.
Simon Corley
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