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Finale non assai presto

Madrid
Teatro Real
07/11/2009 -  & 12, 13, 15, 16, 17, 18, 22, 23, 25, 26, 27 juillet
Wolfgang Amadeus Mozart: Le Nozze di Figaro
Ludovic Tézier (Le Comte Almaviva), Barbara Frittoli (La Comtesse), Isabel Rey (Susanna), Luca Pisaroni (Figaro), Marina Comparato (Cherubino), Jeannette Fischer (Marcellina), Carlos Chausson (Bartolo), Raul Giménez (Basilio), Enrique Viana (Don Curzio), Soledad Cardoso (Babarina), Miguel Sola (Antonio)
Orchestre et Chœur du Teatro Real, Peter Burian (chef du chœur), Jesús López Cobos (direction musicale)
Daniel Bianco (décors), Renata Schussheim (costumes), Eduardo Bravo (lumières), Emilio Sagi (mise en scène)


(© Javier del Real)




C’est la fin de la saison. Voilà déjà la troisième mise en scène des Nozze di Figaro au Teatro Real depuis sa résurrection en 1997. Mozart, encore plus que Wagner, est heureusement incontournable, chaque année, au Teatro Real. Mais, le temps passe. On voit, par exemple, que le formidable Carlos Chausson est passé de Figaro à Bartolo, sans doute par la force du temps. La voix reste convaincante et le comédien sans pareil. Le niveau de ces Noces est supérieur, grâce à la direction rigoureuse de López Cobos, aux voix, aux prestations théâtrales, mais aussi à la beauté des décors et des costumes, et au bon goût de la mise en scène d’Emilio Sagi. Oui, mais…



Il semble qu’il manque à cette production une direction d’acteurs. Incroyable, pourtant. Sagi connaît très bien cet opéra, c’est un metteur en scène né qui n'a cessé de se perfectionner au fil des années. Ses mises en scènes légendaires sont là pour le prouver. L'ensemble, au demeurant très bien chanté, manque cependant d'agilité. Si le mérite de cet indéniable succès revient à tous, les fautes, elles, sont aussi polyphoniques que la pièce elle-même. L’orchestre est souvent fade et Pisaroni n’est pas le comédien idéal pour Figaro. Tézier est un baryton formidable qui manque peut-être ici d'un peu d'humour. De façon générale, on se prend un peu trop au sérieux. Le public de cette soirée de première réagit d'abord fraîchement, avec des applaudissements brefs et courtois, mais sans enthousiasme. Les choses s'améliorent cependant au troisième acte. Le finale du jardin permet de récupérer un public qui a souhaité rendre hommage à une équipe dont deux des participants sont aimés du public: l’ancien directeur artistique du Real, Emilio Sagi, et le formidable Jesús López Cobos, maltraité par une décision aussi injuste qu'irréparable. Mais l’élégance d’un grand maestro, fidèle au théâtre infidèle, demeurera vraie jusqu’à la fin.



Brillant, beau à voir, parfois un peu lourd, jamais maladroit, et presque toujours bien chanté, voilà qui pourrait résumer cette production. Il faut cependant rendre justice aux efforts énormes et à la profusion de talents qui caractérisent le Real, même si les buts ne sont pas toujours atteints. Tézier, Pisaroni, sont vocalement à la hauteur de leur tâche. Les rôles féminins sont aussi formidables. Et d'abord la soubrette, Susanne, chantée par Isabel Rey, qui a reçu une ovation des plus chaleureuses pour son air du quatrième acte, « Deh, vieni, non tardar ». Mais aussi la Comtesse, Barbara Frittoli, bien reçue dans « Porgi amor », et acclamée dans « Dove sono i biei momenti ». Marina Comparato, dans le rôle de Cherubino, est très agile, bonne comédienne, et dotée d'une belle voix. Elle réussit avec talent ses deux airs « Non sò più » et «Voi che sapete ». Le public a su gratifier justement la soprano Jeannette Fischer, Marcellina, qui remplace à la dernière minute Stefania Kaluza, souffrante, et qui conquiert le public par son talent de chanteuse et de comédienne.



Emilio Sagi a raison: tout le monde a ici un rôle important. On a déjà parlé de Carlos Chausson, excellent. On a vu et entendu la jeune Soledad Cardos, formidable en Barbarina, petit ange à la belle voix dont on rêve toujours pour ce petit rôle; Raul Giménez est un très bon Basilio, tandis qu'Enrique Viana excelle en Curzio; de même que Miguel Sola, rôle bouffe, drôle et complice du pouvoir. Cette version inclut les arias souvent oblitérées, réservant à chacun son « moment ».



Sagi parvient à nous faire respirer la Séville d’antan, aves ses patios Andalous; une Séville qui, au temps de Beaumarchais et Mozart, était plus qu'un nom, mais une légende au parfum exotique. Son choix est réaliste en ce qu’il suit la tradition, même s’il y met sa touche personnelle. On reste dans la tradition romantique et la reconstruction historique est idéale. Réalisme et opéra sont antagoniques. Emilio Sagi ne trahit pas l’icône, il l’enrichit avec une Andalousie de rêve que les voyageurs (surtout français) du siècle qui va suivre vont découvrir. Mais on est encore dans l’Ancien Régime. Je me demande - entre parenthèses - s'il est concevable de changer l’icône des Le Nozze di Figaro après Peter Sellars ?
Les décors de Bianco sont d’une beauté incontestable, les costumes de Renata Schussheim sont eux-aussi beaux et adéquats.



Mais alors, où est le problème? Peut-être que tant de beautés accumulées ne sont pas nécessairement un gage de parfaite réussite. Cette production, qui clôture une saison brillante, fut une journée ni vraiment folle, ni vraiment sage.



Santiago Martín Bermúdez

 

 

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