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Première étape

Paris
Hôtel national des Invalides
07/09/2009 -  
Ludwig van Beethoven : Sonates pour piano n° 1, opus 2 n° 1, n° 2, opus 2 n° 2, n° 19, opus 49 n° 1, n° 20, opus 49 n° 2, et n° 3, opus 2 n° 3

Per Tengstrand (piano)


P. Tengstrand (© Steve Sherman)


Parmi les massifs auquel les pianistes ont à cœur de se confronter, les trente-deux Sonates de Beethoven figurent en bonne place. Per Tengstrand va y consacrer les prochaines saisons, en donnant en concert le cycle entier et en l’enregistrant parallèlement pour Mindfeel, où il s’est déjà illustré par un récital consacré aux «maîtres du Nord» (voir ici). En l’Hôtel national des Invalides, dans le cadre de la présidence suédoise de l’Union européenne qui vient de débuter, il interprète le programme du premier des neuf volumes de cette intégrale: respectant la chronologie, il commence donc par les trois premières sonates, celles de l’Opus 2 (1795), mais aussi par les Dix-neuvième (1798) et Vingtième (1796), presque contemporaines et dont le numéro d’opus 49 traduit simplement une publication plus tardive.


Né en 1968, Tengstrand a étudié à Malmö et à Genève, mais aussi au Conservatoire de Paris, avec Dominique Merlet. Après un quatrième prix au Concours Long-Thibaud (1995) puis un premier prix au Concours de Cleveland (1997), il s’est installé dans le New Jersey. Avec son épouse Shan-Shan Sun, il forme un duo qui a remporté le Concours pour deux pianos de Miami (2003). De sa personnalité communicative témoignent non seulement le fait qu’il n’hésite pas à se produire avec ses compatriotes du groupe de rock The Ark mais aussi la façon très détendue, plus humoristique et intuitive que rigoureusement musicologique, dont il présente les œuvres, à l’image du blog qu’il consacre à son projet beethovénien. Dans un français parfait, il n’a pas son pareil pour mettre le public dans sa poche, l’incitant même à applaudir entre les mouvements, puisque cela se faisait au temps du compositeur.


Cette soirée suscite des impressions contradictoires qui se succèdent très rapidement: d’un instant sur l’autre, l’irritation peut en effet laisser la place au saisissement devant une intuition fulgurante. Difficile en effet de ne pas s’irriter de certains choix: pourquoi omettre ainsi toutes les reprises, à l’exception de celles du Trio du Scherzo de la Troisième sonate, et pourquoi faire l’impasse, sans la moindre explication, sur le second mouvement de la Vingtième sonate? Les partis pris stylistiques finissent aussi par agacer, cette tendance à en rajouter dans les foucades, l’arbitraire et les effets, ou bien cette manière de ralentir systématiquement les débuts de phrase pour accélérer ensuite, en passant brusquement de l’hésitation à l’emballement. En outre, les accrocs semblent trahir un manque de concentration, car ils ne surviennent généralement pas dans les passages les plus exigeants: à cet égard, l’Opus 49, que les apprentis pianistes maîtrisent pourtant en quelques années, est édifiant.


Ces excès, ce caractère surexcité, brouillon et chien fou, ces tempi fluctuants, globalement très allants, en particulier dans les mouvements lents, ne que sont les mauvais côtés d’un tempérament fougueux et atypique. Tengstrand extériorise un rare plaisir de jouer, qu’il fait partager à des auditeurs auxquels il offre de très beaux moments de piano, bluffant non seulement par sa technique (vélocité, toucher, sonorité) mais aussi par son inspiration: c’est le cas, dans la Troisième sonate, de l’Adagio ou, dans un registre différent, de l’Allegro assai, tandis que le Prestissimo final de la Première, bouillonnant et spectaculaire, annonce déjà les sonates Clair de lune et Appassionata. Facétieuse et légère, la Deuxième sonate lui convient sans doute le mieux: vif et mordant, il griffe, fouette et caresse tour à tour le clavier avec une réjouissante gourmandise.


Franche déception, en revanche, pour le bis, le Deuxième des trois Nocturnes de l’Opus 9 (1831) de Chopin, précipité, à la main gauche raide et à l’allure sans cesse changeante.


Le site de Per Tengstrand
Le site de Mindfeel



Simon Corley

 

 

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