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Un Lohengrin intemporel

Paris
Opéra Bastille
04/19/1999 -  et 22*, 25, 29 avril, 2, 5 mai 1999
Richard Wagner : Lohengrin
Gösta Winbergh (Lohengrin), Susan Anthony (Elsa), Sergei Leiferkus (Friedrich von Telramund), Waltraud Meier (Ortrud), Alfred Muff (Heinrich der Vogler), Michael Volle (Der Heerrufer des Königs)
Choeurs et Orchestre de l'Opéra national de Paris, Mark Elder (direction)
Robert Carsen (mise en scène)

C'est toujours un immense plaisir de revoir la très intelligente mise en scène de Robert Carsen de Lohengrin. Parfaitement fidèle au livret, la vision du metteur en scène canadien abandonne l'imagerie moyenâgeuse traditionnelle pour transposer l'action dans une époque indéfinie où les hommes se battent à l'arme blanche (des épées) dans un décor de XXe siècle (un énorme blockhaus endommagé). Des comportements issus du Moyen âge dans les ruines d'une époque qui avait trop cru au progrès : les résonances contemporaines, très actuelles même, ne peuvent que frapper le spectateur d'aujourd'hui.

Pour cette reprise de la production créée en novembre 1996, la distribution vocale offrait encore plus de satisfactions que celle, déjà très bonne, de l'époque. Gösta Winbergh, déjà titulaire du rôle titre en 1996, gagne en assurance et s'impose comme un grand Lohengrin. Susan Anthony, après l'excellente Karita Mattila, campe une Elsa touchante, passionnée et naïve. La souplesse de sa voix, la beauté de son timbre, ainsi qu'une pointe de fragilité que ne possédait pas sa devancière, conviennent parfaitement au rôle. Une amélioration de sa prononciation ne pourrait que lui donner encore plus de crédibilité dramatique. Le Telramund de Sergei Leiferkus manque un peu de mordant par rapport à Hartmut Welker mais convainc tout à fait. Mais c'est surtout l'Ortrud de Waltraud Meier, en lieu et place de Gwyneth Jones au vibrato pathologique, qui hisse cette soirée au niveau des soirées mémorables. Sombre, envoûteuse, agressive, elle incarne une Ortrud comme peu d'autres au cours des dernières décennies (Astrid Varnay, Christa Ludwig ou Gwyneth Jones... dans les années 70).

La seule véritable déception vient de la direction inconsistante de Mark Elder : tempo fluctuant, crescendos dénués de tension (mais pas de bruit !), aucune vision d'ensemble, cordes brouillonnes et anémiques, vents raides. Une vraie déconvenue par rapport au très bon James Conlon qui tenait la baguette en 1996. Une superbe reprise quoi qu'il en soit.


Philippe Herlin

 

 

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