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Souveraine et humaine Paris Salle Pleyel 06/24/2009 - et 19 (Berlin), 20 (Cottbus), 23 (Garmisch-Partenkirchen) juin 2009 Claude Debussy : La Mer
Richard Wagner : Prélude et Mort d’Isolde extraits de «Tristan et Isolde»
Gustav Mahler : Adagio de la Symphonie n° 10
Richard Strauss : Quatre derniers lieder
Waltraud Meier (mezzo)
Deutsches Symphonie-Orchester Berlin, Ingo Metzmacher (direction)
Ingo Metzmacher (© Mathias Bothor)
Depuis le début de la saison 2007-2008, Ingo Metzmacher occupe le poste de directeur musical du Deutsches Symphonie-Orchester (DSO) Berlin, nom qu’a adopté en 1993 l’Orchestre du RIAS (radio du secteur américain de Berlin-Ouest), fondé en 1946 et devenu dès 1956 Radio-Symphonie-Orchester (RSO) Berlin. Succédant à Fricsay, Maazel, Chailly, Ashkenazy et Nagano, il est ainsi le premier Allemand à diriger cette formation qu’il ne faut évidemment pas confondre avec les Berliner Philharmoniker de Simon Rattle, pas plus qu’avec le Rundfunk-Sinfonieorchester Berlin de Marek Janowski, la Staatskapelle Berlin de Daniel Barenboim ou le Konzerthausorchester Berlin de Lothar Zagrosek.
Le DSO achève salle Pleyel une courte tournée européenne qui l’a précédemment conduit non loin de ses bases, dans le Brandebourg, puis en Bavière, dans un programme aussi dense que somptueux. Toutefois, dans La Mer (1905), la lenteur analytique, méticuleuse et objective de la direction déroute: l’émiettement du discours qui en résulte pourrait certes traduire la modernité de l’écriture debussyste, mais toute tension en est absente. Dans ces conditions, «De l’aube à midi sur la mer» ne décrit plus une grande courbe ascendante, mais consiste en une succession d’accélérations et de démonstrations de force. Le manque d’élan leste également les deux autres mouvements et l’orchestre en paraît dépourvu de qualités ou de charme particuliers. La progression ressort en revanche mieux dans le Prélude de Tristan et Isolde (1859). L’opéra de Wagner n’est-il pas un «poème de l’amour et de la mer», titre du cycle de mélodies que Chausson que Waltraud Meier donnait voici moins de trois semaines en ce même lieu (voir ici)? Remplaçant Deborah Voigt, souffrante, la mezzo allemande est déjà de retour à Paris, où le public lui demeure chaleureusement fidèle. Non sans raison, car l’aigu rayonne et la justesse se révèle sans faille.
La seconde partie de la soirée possédait également sa cohérence, associant les deux œuvres ultimes de Mahler et Strauss. Autant la lenteur semblait gênante dans Debussy, autant elle peut s’interpréter dans l’Adagio de la Dixième symphonie (1910) comme l’illustration de l’épuisement, de la lassitude ou de l’errance. Dès lors, le fameux accord de dix notes ne survient pas dans un ciel sans nuages, d’autant que Metzmacher ne joue pas la carte du romantisme flamboyant: un choix payant, car les musiciens se montrent nettement plus à leur avantage, notamment grâce à la remarquable homogénéité des altos d’une et à la belle profondeur de la sonorité du cor solo. Pas davantage de complaisance postromantique dans les Quatre derniers lieder (1948): le tempo devient vif, l’orchestre se fait transparent et chambriste, très attentif à ne pas couvrir la soliste, à laquelle il laisse le monopole de l’expression des passions. Il est sans doute des voix plus sophistiquées, plus moelleuses ou plus dramatiques que celle de Waltraud Meier, mais il en est peu d’aussi souveraines et humaines à la fois.
Le site de l’Orchestre symphonique allemand de Berlin
Le site d’Ingo Metzmacher
Simon Corley
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