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Empereur lisztien

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
06/23/2009 -  
Hugo Wolf : Sérénade italienne
Ludwig van Beethoven : Concerto pour piano n° 5 «L’Empereur», opus 73
Franz Schreker : Symphonie de chambre

Stephen Kovacevich (piano)
Ensemble orchestral de Paris, Juraj Valcuha (direction)


Steven Kovacevich (© David Thompson/EMI Classics)



Dernier concert de 2008-2009 pour l’Ensemble orchestral de Paris: sous la direction expressive et fougueuse de Juraj Valcuha, la Sérénade italienne (1887/1892) de Wolf ouvre la voie à l’événement attendu de cette soirée, la venue de Stephen Kovacevich. Faute de son récital coutumier, c’est en concerto que le pianiste américain se présente cette saison dans la capitale. Et il n’est pas sûr qu’il faille le regretter au vu de son interprétation du Cinquième concerto «L’Empereur» (1809), confirmant qu’à soixante-huit ans, il demeure l’un des grands beethovéniens du moment.


Conquérant, presque violent, tout en demeurant à l’écoute de l’orchestre, comme au début du développement de l’Allegro initial, il n’en déploie pas moins des trésors de délicatesse et de phrasé dans le second thème ou ensuite dans l’Adagio un poco mosso. Bousculant les points d’orgue, allant toujours de l’avant pour conclure sur un Rondo versatile et débordant d’ardeur juvénile, il met en pratique ses propres idées, telles que rapportées dans un entretien que reproduisent les notes de programme: «Ce concerto dégage une grande virtuosité. Le style de cette oeuvre ne l’associe pas spontanément à du Beethoven, on pourrait tout à fait imaginer que Liszt l’a composée.» Kovacevich suggère également d’essayer «d’écouter avec une oreille neuve, comme si vous entendiez de la musique pour la première fois». Quant à lui, c’est comme s’il la jouait pour la première fois, avec une fraîcheur et un entrain réjouissants, sans le respect ou la distance excessifs que peut parfois susciter un tel monument: grognements, risques, accrocs et décalages en témoignent, mais cette façon de jouer est la vie même et les musiciens lui emboîtent le pas sans hésiter, même si c’est avec davantage de vigueur que de subtilité ou de précision. Accueilli très chaleureusement par le public, il offre en bis la Sarabande de la Quatrième partita (1729) de Bach: plutôt qu’une profonde et lente méditation, il en fait une page lyrique et expressive, souple et imaginative, servie par une superbe finesse de toucher.


Surtout connu – tout est relatif – pour ses opéras (Le Son lointain, Les Stigmatisés), Franz Schreker a également laissé un petit bijou symphonique, sa Symphonie de chambre (1916). Le titre, l’effectif, la durée et la forme (en un seul mouvement) inspirent bien sûr un rapprochement avec la Première symphonie de chambre de Schönberg, antérieure de neuf ans, mais le langage évoque davantage Mahler et Strauss, colorés par Debussy: le scintillement de la harpe, du piano et du célesta, les atmosphères capiteuses et les généreux élans mélodiques grisent les sens. Quant au renforcement des pupitres des cordes, alors que la partition est explicitement destinée à vingt-trois instruments (dont onze cordes), il ne laisse pas de surprendre, mais c’est le compositeur lui-même qui a prévu cette solution alternative.


Le site de la Fondation Franz Schreker



Simon Corley

 

 

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