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Pour petits et grands enfants Lille Opéra 06/06/2009 - et 10, 12, 13, 14, 16, 17, 18 (Paris), 24, 25 (Besançon) mars, 7*, 9 et 10 juin (Lille) 2009 Leos Janácek: La Petite Renarde rusée (adaptation d’Alexander Krampe) Elena Poesina (La renarde), Jacques Calatayud (Le forestier), Maja Pavlovska (Le renard, Le coq), Jennifer Tani (La femme du forestier, La chouette, Le pic vert), Marc Valero (Le chien), Nicolas Rouault (Le blaireau)
Chœur d’Enfants Sotto Voce, Scott Alan Prouty (chef de chœur), Catherine Jacquet, Benjamin Fabre (violon), Maria Mosconi (alto), Thibaut Leroy (violoncelle), Nathanaël Malnoury (contrebasse), Pierre-Simon Chevry (flûte), Nicolas Fargeix (clarinette), Nicolas Bens (hautbois), Vincent Le Goupil (basson), Pierre Rougerie (cor), David Joignaux (percussions), Stéphane Puc (accordéon), Denis Comtet (direction)
Charlotte Nessi (mise en scène), Gérard Champlon (scénographie et lumières), Samuel Hercule, Mike Guermyet (images), Jérôme Kaplan, Céline Marin (costumes), Pascale Dufay (masques)
(© Xavier Pinon/Opéra National de Paris)
La saison lyrique de l’Opéra de Lille s’achève avec une version miniature de La Petite Renarde rusée de Janácek présentée à l’Amphithéâtre Bastille et au Théâtre Musical de Besançon en mars dernier : une action ramassée sur une heure, six solistes, un chœur d’enfants, douze musiciens, un chef, tout de même, et un dispositif scénique simple mais d’une désarmante efficacité.
Trahison ? A priori, le scepticisme s’installe : comment conserver la séduction de la partition d’orchestre, regorgeant de vie, avec aussi peu de musiciens ? L’adaptation d’Alexander Krampe, si elle ne remplace évidemment pas l’original, en préserve l’essentiel tout en apportant une touche personnelle grâce à l’accordéon et une riche percussion qui se joignent aux deux quintettes à cordes et à vents. Il y a donc d’autant moins à craindre que dans la fosse, Denis Comtet veille à la finesse, à la poésie et à la cohésion d’ensemble.
Un spectacle pour enfants ? Certes, la représentation du 9 juin est réservée aux écoles et la durée ne soumet pas la patience des plus jeunes à rude épreuve. En outre, le forestier et sa femme, les seuls humains retenus du livret, chantent en français tandis que les animaux s’expriment en tchèque, sans sous-titres, pour entretenir une part de mystère. Mais l’Ensemble Justiniana, labellisé « compagnie nationale de théâtre lyrique et musical », et sa directrice Charlotte Nessi n’infantilisent pas le propos. Avec sa foule de personnages attendrissants, c’est bien d’une fable qu’il s’agit, avec ce que cela comporte d’humour et d’émotion, mais également d’une réflexion sur le temps qui passe, inexorablement, et l’harmonie entre les êtres. Une vision panthéiste et nostalgique de la nature que n’aurait pas reniée Janácek et que tout un chacun, de sept à septante-sept ans, peut apprécier selon son propre niveau de lecture.
Un film, avec de jolis effets spéciaux, est projeté sur grand écran et, à lui seul, résout bien des difficultés que pose l’ouvrage aux metteurs en scène. Le mariage entre le renard et la renarde est présenté sous la forme d’un montage amateur que ces derniers regardent en amoureux : exemple parfait de vidéo apportant une réelle plus-value à un spectacle. Vocalement, enfin, si les adultes, en particulier Elena Poesina (La renarde) et Jacques Calatayud (Le forestier), soignent leur partie, c’est au Chœur d’enfants Sotto Voce, dirigé par son fondateur Scott Alan Prouty, que seront adressées les louanges : parfaitement préparés, ils évoluent avec naturel et conviction.
Compte tenu des moyens somme tout limités qu’elle requiert, cette production touchante peut voyager sans réelles difficultés. Dès lors, si l’occasion se présente, n’hésitez pas à y assister si elle passe près de chez vous. Même si vous n’avez pas d’enfants !
Le site de l’Ensemble Justiniana
Le site du Chœur Sotto Voce
Le site d’Alexander Krampe
Sébastien Foucart
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