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Marathon concertant

Paris
Pontoise (L’Apostrophe – Théâtre des Louvrais)
06/06/2009 -  
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Francesca da Rimini, opus 32
Serge Prokofiev : Concerto pour piano n° 2, opus 16 (#)
Régis Campo : Lumen
Serge Rachmaninov : Concerto pour piano n° 2, opus 18 (+)
Béla Bartók : Concerto pour piano n° 2, sz. 95 (*)

Kotaro Fukuma (*), Mariya Kim (+), Jean-Frédéric Neuburger (#) (piano)
Orchestre national d’Ile-de-France, Dimitri Yablonsky (direction)





Sous la direction de Pascal Escande depuis sa fondation en 1981, le Festival d’Auvers-sur-Oise présente jusqu’au 4 juillet sa vingt-neuvième édition. Intitulée «Leipzig/New York... Istanbul/Budapest», en référence à une programmation classiquement inspirée par le thème du voyage, elle témoigne de la relation fidèle que la manifestation a su créer avec de nombreux artistes français et étrangers, mais aussi de la volonté d’essaimer dans les villes voisines, au-delà du site prestigieux de l’église Notre-Dame immortalisée par van Gogh.


Ainsi de ce marathon concertant produit en coréalisation avec le Théâtre des Louvrais, l’un des deux sites de la scène nationale L’Apostrophe de Cergy-Pontoise, selon un principe simple: le Deuxième concerto de trois compositeurs, chacun confié à un artiste différent et déjà connu des spectateurs valdoisiens par sa participation au festival ou à «Piano campus», une autre manifestation fondée et dirigée par Pascal Escande. Cette «Nuit du Concerto n° 2» est tombée tôt (18 heures 30), mais, moyennant un entracte d’une heure, elle s’achève à 22 heures 30, après environ deux heures et demie de musique. Une autre fois, Brahms, Chopin, Liszt ou Saint-Saëns, voire Chostakovitch ou Tchaïkovski, seront peut-être de la partie mais avec Bartók (1931), Prokofiev (1913) et Rachmaninov (1901), l’affiche promettait en termes de virtuosité et de spectacle.


Il revenait toutefois à l’Orchestre national d’Ile-de-France d’ouvrir le ban, avec Francesca da Rimini (1876) de Tchaïkovski: le chef russe Dimitri Yablonsky ne parvient malheureusement pas à insuffler la tension et l’urgence qui empêcheraient cette fantaisie symphonique de verser dans le mélo. A sa décharge, l’équilibre instrumental et la fusion des pupitres sont obérés par une acoustique sèche et analytique, qui convient en revanche bien mieux à Prokofiev. Benjamin de cette soirée, Jean-Frédéric Neuburger (vingt-deux ans) est désormais lauréat de multiples concours, mais c’est à Auvers-sur-Oise que son talent fut révélé et consacré par un disque d’Etudes de Chopin. S’il a renoncé à ses lunettes et à sa coiffure frisée, l’essentiel demeure, c’est-à-dire un jeu qui va droit au but, optant ici pour un Prokofiev éclairé par une lumière crue, froid et constructiviste plus que romantique. Bien loin de se limiter commodément à cogner sans cesse, il déploie une belle subtilité, comme dans la parfaite fluidité du Scherzo, et réserve de superbes moments de piano, tel l’Allegro tempestoso final, plus particulièrement sa cadence. En bis, il offre l’Etude (en ut dièse mineur), première des Trois pièces de l’Opus 2 (1889) de Scriabine.


Le festival s’adjoint chaque année un peintre associé, en l’occurrence Jean-Yves Aurégan, mais aussi un compositeur invité: au cours de cette édition, une quinzaine d’œuvres de Régis Campo (né en 1968) seront ainsi exécutées, dont trois créations. Les dix minutes de Lumen (2001) tiennent les promesses de son titre: primauté des aigus étincelants, activité incessante, mais si l’enchevêtrement final peut suggérer Messiaen ou Ligeti, le langage ne se montre guère aventureux, sorte d’hybride inattendu et ludique entre Debussy et Glass.


Elève de Vladimir Krainev, Mariya Kim (vingt-huit ans le 25 juin prochain) possède notamment à son actif un troisième prix au Concours de Jaen (2004), un quatrième prix au Concours Busoni (2007) et un premier prix au Concours de Séoul (2008), où elle a précisément joué en finale le Deuxième concerto de Rachmaninov. Sage, parfois même un peu poussive, cette interprétation de facture très classique ne semble pas encore totalement dégagée des exigences consensuelles des compétitions internationales, mais a au moins le mérite d’éviter les dérapages expressifs et de mettre en valeur la qualité du touche de l’Ukrainienne, qui choisit en bis la Vocalise de Rachmaninov.


Si les solistes se succèdent face à un Yamaha à la sonorité métallique, il n’est en revanche pas surprenant que l’orchestre trahisse quelque fatigue dans le redoutable Deuxième concerto de Bartók, imprudemment conservé pour la fin. Issu des classes de Bruno Rigutto et Marie-Françoise Bucquet au Conservatoire national supérieur de musique de Paris et détenteur d’un premier prix au Concours de Cleveland (2003) ainsi que d’un troisième prix au Concours de Santander (2008), Kotaro Fukuma (vingt-sept ans) a déjà enregistré Schumann et Takemitsu chez Naxos. Plus rude que brutale, son approche, plutôt que de souligner la modernité du propos, hésite entre néoclassicisme et romantisme, sans éluder cependant la tension de l’Adagio central, ni manquer de vivacité et d’agilité dans les mouvements impairs. En bis, les teintes et le brio de «Málaga», extrait du Quatrième cahier (1908) d’Iberia d’Albéniz, se révèlent très séduisants. Face à des applaudissements prolongés qui saluent également l’orchestre, qui, en l’absence de son chef, reste obstinément assis, le pianiste japonais revient avec «quelque chose de spécial»: un arrangement brillant, comme ceux que Liszt faisait de Schubert ou Schumann, de Parlez-moi d’amour (1930), chanson de Jean Lenoir popularisée par Lucienne Boyer.


Le site du Festival d’Auvers-sur-Oise
Le site de Kotaro Fukuma



Simon Corley

 

 

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