|
Back
Les gestes premiers de l'humain Paris
Ircam
04/13/1999 - et 14, 15 mars 1999
Boris Charmatz : Herses (une lente introduction)
Musiques de Helmut Lachenmann
Jérôme Pernoo (violoncelle) Helmut Lachenmann est l'archéologue du son pur qui affleure sous la matière brute, les instruments dévoilent leurs matériaux et les instrumentiste leurs modes de jeu, tout est mis à nu. Boris Charmatz a parfaitement compris le message radical du compositeur allemand : la matière brute, ici, ce sont les corps eux mêmes, les mouvements chorégraphiques surgissent par effraction, comme les sons chez Lachenmann. Le temps est également déconstruit, déréalisé, tout se fait au ralenti avec par moment de brusques accélérations (écroulement des danseurs sur le sol). Les danseurs sont nus, non pour s'exhiber (nulle vulgarité dans ce spectacle), mais pour se débarrasser des dernières conventions auxquelles se soumet le regard du spectateur. Les corps ne "dansent" pas mais se touchent, et parfois roulent les uns sur les autres : image superbe d'un homme qui roule sur terre de tout son long tandis que la femme reste sur lui en permanence sans jamais toucher le sol en se livrant à de multiples contorsions. La fin du spectacle verra rouler les cinq corps des danseurs enchevêtrés comme un bouquet final d'érotisme de corps diffractés. Les corps nus et seuls, le couple puis la communauté : cette chorégraphie propose un raccourci des étapes fondatrices de l'individu et de l'humanité, un voyage d'une beauté fascinante et étrange dans les gestes premiers de l'humain.
Philippe Herlin
|
