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Face aux défis

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
05/12/2009 -  et 11 mai 2009 (Levallois)
Henri Dutilleux : Mystère de l’instant
Edouard Lalo : Symphonie espagnole, opus 21
Ludwig van Beethoven : Symphonie n° 7, opus 92

Deborah Nemtanu (violon)
Ensemble orchestral de Paris, Joseph Swensen (direction)


Joseph Swensen (© Eric Richmond)



Violoniste et compositeur, ancien directeur musical de l’Orchestre national d’Ecosse (1996-2005) et chef principal de l’Opéra de Malmö depuis 2007, le New-Yorkais Joseph Swensen (né en 1960) a déjà dirigé l’Ensemble orchestral de Paris (EOP) à plusieurs reprises depuis juin 2006, mais c’était ici son premier concert maintenant qu’il a été désigné, à compter de la saison prochaine et pour une durée de deux ans, «premier chef invité et conseiller artistique».


Quelques jours après la création de la version complète de Le Temps, l’Horloge (voir ici), le programme débute avec une autre page inspirée à Dutilleux par le temps, Mystère de l’instant (1989). Usant d’une battue à la fois souple et précise, où le bras gauche ne prend que rarement son indépendance, le chef américain laisse s’exprimer le lyrisme et la poésie de la partition, même si son souci de mise en place donne l’impression, dans les passages plus complexes, de brider quelque peu le propos.


Cheval de bataille de plusieurs générations de violonistes, la Symphonie espagnole (1873) de Lalo s’est faite beaucoup plus rare de nos jours. Maxim Vengerov avait bien tenté de mettre sa notoriété et son talent pour la remettre au goût du jour, mais son style avait paru bien trop racoleur lorsqu’il l’avait présentée en septembre 2003 avec l’Orchestre de Paris (voir ici). Deborah Nemtanu, violon solo super soliste de l’EOP depuis 2005, n’a pas besoin d’aussi grosses ficelles: avec engagement, panache et charme, elle s’impose par des traits bien assurés et une justesse quasi infaillible. Parfois un tantinet roublarde, elle aborde cependant les cinq mouvements avec beaucoup de fraîcheur, sans chercher midi à quatorze heures: l’archet mord les cordes avec appétit et l’on songe parfois aux pièces de genre composées par Sarasate, qui fut d’ailleurs le créateur de l’œuvre. L’orchestre se tire bien du difficile accompagnement du Scherzando, mais avec vingt-neuf cordes seulement, il ne possède pas l’effectif nécessaire pour ce répertoire, bois et cuivres ressortant excessivement dans les tutti. En bis, c’est avec un esprit tout aussi primesautier que Deborah Nemtanu offre la «Gavotte en rondeau» de la Troisième partita de Bach.


D’un chef américain – John Nelson – à l’autre, c’est le jour et la nuit, ce qu’illustre on ne peut mieux leur approche antinomique de Beethoven, un compositeur que la formation parisienne a beaucoup pratiqué, y compris au disque (voir ici), avec celui qui en est désormais le directeur musical honoraire. Swensen privilégie davantage de rondeur, de respiration et de souplesse: dès l’introduction lente de la Septième symphonie (1812), le phrasé se fait moelleux, prend son temps, au risque même d’en sembler un peu trop sollicité. De fait, il n’hésite pas à adopter des partis pris personnels, comme l’insistance sur le tenuto de la première note des mesures impaires du thème de l’Allegretto. Si ses tempi apparaissent plus modérés que ceux de Nelson – Allegretto plutôt Andante, conformément à une certaine tradition, mais Trio du Presto sans solennité excessive –, sa direction ne manque néanmoins en rien de puissance et d’énergie, emportant l’adhésion du public et des musiciens. Il reste toutefois du travail à accomplir en termes de précision, de cohésion et de sonorité, autant de défis que le futur premier chef invité aura certainement à cœur de relever.


Le site de Joseph Swensen



Simon Corley

 

 

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