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Lucia entre en piste

Bruxelles
Cirque Royal
04/14/2009 -  et les 15, 17, 18, 19*, 21, 23, 24, 26 et 28 avril 2009
Gaetano Donizetti: Lucia di Lammermoor
Elena Mosuc*/Nino Machaidze (Lucia), John Osborn*/Charles Castronovo (Edgardo), Angelo Veccia*/Lionel Lhote (Lord Enrico Ashton), Jean-François Borras (Lord Arturo Bucklaw), Giorgio Giuseppini*/Giovanni Furlanetto (Raimondo), Carlo Bosi (Normanno), Catherine Keen (Alisa)
Chœurs de la Monnaie, Piers Maxim (chef des choeurs), Orchestre symphonique de la Monnaie, Julian Reynolds (direction)
Guy Joosten (mise en scène), Johannes Leiacker (décors), Jorge Jara (costumes), Wolfgang Göbbel (éclairages), Catherine Friedland (maquillages, perruques, coiffures)



(© D.R.)


Conclusion des plus romantiques : après s’être donné la mort, Edgardo rejoint Lucia dans l’au-delà, symbolisé par une très évocatrice forêt reconstituée en fond de scène où prend place l’orchestre. La vaste salle concentrique du Cirque Royal, dédié à la variété et au music hall, impose ses contraintes. Guy Joosten, habitué des lieux (Carmen, Œdipus Rex), et le décorateur Johannes Leiacker s’en jouent et recherchent la proximité avec le public. Quelques meubles à l'avant-scène - la table de noces est cérémonieusement dressée durant la pause, un spectacle en soi - et un éclairage (Wolfgang Göbbel) efficace suffisent à recréer une Ecosse pastorale mais noire du siècle dernier. Le metteur en scène flamand, qui montera Elektra la saison prochaine à la Monnaie, creuse la dimension théâtrale d’un ouvrage décidément difficile à aborder sans tomber dans le statisme, le ridicule et l’invraisemblable ; s’il entretient l’ambiguïté des personnages – Lucia sombre-t-elle réellement dans la folie ? –, il n’évite pas les stéréotypes du genre. Pas de quoi, toutefois, ôter l’intérêt d’un spectacle qui tient la route.


A l’occasion d’une version de concert d’Elisabetta, regina d’Inghilterra de Rossini l’année passée, donnée également à Paris, Bruxelles a pu applaudir Julian Reynolds pour ses débuts avec l’Orchestre symphonique de la Monnaie. Le chef anglais, que l’on retrouvera la saison prochaine au Bozar pour Norma, confirme ses affinités pour ce répertoire et les musiciens, leur polyvalence et leur excellence coutumières : intensité, unité, transparence, fini instrumental, voilà qui rehausse l’intérêt de cette musique.


Bonne idée que de se pencher sur le manuscrit original : Donizetti y préconise d’accompagner la scène de la folie par un harmonica de verre, intention respectée dans cette production. L’effet surprend, le son, irréel, semblant provenir de toute part, mais ce passage tant attendu par tout amateur de voix qui se respecte s’essouffle sans une Lucia d’exception. Elena Mosuc se montre à la hauteur des exigences: aigus assurés, ligne vocale maîtrisée, style, aplomb scénique, la soprano roumaine s’approprie pleinement ce personnage dont elle souligne le côté rebelle, inquiétant et insaisissable. Aucun souci pour le reste de la distribution (double pour les rôles principaux), digne en tous points de la réputation de la Monnaie : à l’applaudimètre, l’Edgardo sans faille de John Osborn, le Lord Enrico Ashton écœurant d’arrogance d’Angelo Veccia et l’imposant et noble Raimondo de Giorgio Giuseppini recueillent tous les suffrages. Dans les belles pages que le compositeur leur a réservées, les Chœurs de la Monnaie, aussi bons chanteurs que comédiens, se montrent fidèles à eux-mêmes.


Lucia di Lammermoor n’avait plus été proposé par la Monnaie depuis 1978. Cette nouvelle production constitue donc une véritable aubaine pour les inconditionnels du bel canto.





Sébastien Foucart

 

 

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