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Pari réussi Nantes
Opéra de Nantes
03/26/1999 - et 28*, 30 mars 1999
Nikolaï Karetnikov : Till Eulenspiegel
Jeremy Huw-Williams (Till), Christine Freiberg (Nele), Doug Jones (Lamme), Larissa Tedtoeva (Katlina), Sofia Aksenova (Sootkin), Viatcheslav Vojnarovski (Le Poissonnier), et Antoine Normand, Oldrich Kriz, Pawel Izdebski, Christian Davesnes, Suren Chahjan, Ekaterina Melnikova
Choeurs de l'Opéra de Nantes, Orchestre national des Pays de la Loire, John Burdekin (direction)
Dieter Kaegi (mise en scène) Les espoirs sont confirmés, le Till Eulenspiegel de Karetnikov passe parfaitement l'épreuve de la scène et s'inscrit d'emblée comme une oeuvre phare de la seconde moitié du vingtième siècle. Hormis une création en langue allemande (en 1993 à Bielefeld), on ne connaissait du premier opéra de Karetnikov (le second est Le Mystère de l'Apotre Paul) que l'enregistrement, excellent, réalisé par le Chant du Monde (distribution Harmonia Mundi) en 1988. La multiplicité des scènes, des lieux, des situations pouvait rendre a priori l'entreprise difficile, mais un travail scénographique réfléchi rend à l'histoire toute sa limpidité et sa force. Dieter Kaegi résout avec intelligence et élégance cette complexité narrative en installant une autre scène au fond du plateau qui permet de démultiplier les espaces. Un jeu d'acteur sobre et efficace confèrent lisibilité et émotion aux aventures tragiques de Till l'espiègle. Tout juste reprochera-t-on au metteur en scène d'avoir trahi le texte en escamotant l'intervention divine de la fin de l'opéra. Les chanteurs défendent également avec conviction cette création mondiale en langue originale, spécialement Jeremy Huw-Williams, vocalement et dramatiquement idéal dans le rôle titre. L'orchestre, lui, manque un peu de densité et de mordant, mais s'acquitte parfaitement de sa tâche.
Cette production (trois représentations seulement) suffira-t-elle à faire entrer cet opéra au répertoire d'autres maisons d'art lyrique ? On ne peut que souhaiter à Till Eulenspiegel de trouver de par le monde un public aussi enthousiaste que celui de Nantes. A priori pas en France puisqu'aucun directeur de théâtre ne s'est déplacé (!) mais peut être en Allemagne, lieu de naissance du mythe de Till l'espliègle, ou en Russie, patrie du compositeur... L'Opéra de Nantes a en tout cas accompli un geste essentiel qui ne doit pas rester sans suite.
Enregistrement disponible chez Le Chant du Monde (distribution Harmonia Mundi)
Philippe Herlin
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