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Pommiers et pêche Normandie Deauville (Salle Elie de Brignac) 04/12/2009 - Felix Mendelssohn-Bartholdy : Allegro brillant pour piano à quatre mains, opus 92 – Trio n° 1 pour piano, violon et violoncelle en ré mineur, opus 49 (*) – Octuor à cordes en mi bémol majeur, opus 20
Matthew Trusler (*), Jérôme Benhaïm, Amaury Coeytaux, Charlotte Juillard (violon), Arnaud Thorette, Adrien La Marca (alto), Yan Levionnois (*), Jérôme Pernoo, Victor Julien-Laferrière (violoncelle), David Kadouch (*), Adam Laloum (piano)
Le deuxième concert de la treizième édition du Festival de Pâques de Deauville était intégralement consacré à des œuvres aussi brillantes que fines de Felix Mendelssohn-Bartholdy (1809-1847) dont on célèbre cette année le bicentenaire de la naissance. Pour l’occasion, il a été fait appel à une pléiade de jeunes interprètes, tout à fait idéale pour en transmettre l’extraordinaire fraîcheur.
David Kadouch, déjà entendu l’an dernier à Deauville (voir ici) et Adam Laloum débutèrent par un Allegro brillant créé par Mendelssohn et Clara Schumann en 1841. Frères siamois penchés sur un même clavier, ils enlevèrent sans complexe cette page pétillante et de nature à mettre de bonne humeur au delà de tel ou tel passage rappelant quelque suave romance sans paroles.
David Kadouch resta ensuite sur scène pour le célèbre Premier trio. Le premier mouvement parut d’emblée excessivement prudent alors qu’il doit être « agité », Matthew Trusler étant par trop incertain et Yan Levionnois timoré. Le deuxième mouvement confirma le déséquilibre entre un piano très engagé et des cordes finalement un peu « vertes » et timides ; il est vrai que Yan Levionnois n’a que dix-neuf ans cette année... A la suite du Scherzo, léger et aérien comme tout, les cordes réussirent à s’imposer un peu plus mais décidemment le piano, tout à fait remarquable, de David Kadouch les impressionnait encore. Mais le talent était indéniablement là et plus que prometteur.
La seconde partie du concert était intégralement consacrée à un autre chef-d’œuvre, aussi célébrissime, déjà entendu à Deauville en 2006 (voir ici), l’Octuor composé en 1825 par un génie insolent de seize ans. Jérôme Pernoo, un des fondateurs du festival en 1996, se joignit alors à ses successeurs. Son rôle parut essentiel : il emmena ses jeunes amis dans une interprétation sans arrière-pensée, enthousiasmante, et Matthew Trusler fut méconnaissable. Dans cette musique, il faut oser et l’ensemble de cordes réuni autour de Jérôme Pernoo y parvint pleinement sans se départir d’une véritable maîtrise technique. L’Andante fut chantant et délicat, le Scherzo d’une belle allégresse juvénile, pétillant d’intelligence, tandis que le Presto final lancé par Jérôme Pernoo sans interruption après la fin du troisième mouvement fut tout simplement échevelé. Le public obtint rapidement la reprise du dernier mouvement mais la réalisation parut moins fermement tenue. Peu importait, on avait gagné de la pêche au milieu des... pommiers. Il était donc bien regrettable qu’aussi peu de jeunes aient assisté au concert alors que des places leur étaient gracieusement offertes, comme à chaque concert. A croire que le Pays d’Auge est un désert musical où l’enseignement de la musique est inexistant.
En quittant, revigoré, le parc, le public put entendre, d’une annexe, par delà le premier carré de box de pur-sang, les artistes du lendemain préparer l’Allegro final du Quintette de César Franck. La soirée était décidemment marquée du sceau de la pêche et donnait envie d’assister à la suite d’un festival bien passionnant.
Stéphane Guy
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