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Voisins de talent Geneva Victoria Hall 04/08/2009 - et 10 avril 2009 Maurice Ravel: Ma mère l’Oye
Ludwig van Beethoven: Concerto pour piano n° 2, opus 19
Nikolaï Rimsky-Korsakov: Schéhérazade, opus 35
Martha Argerich (piano)
Orchestre de la Suisse Romande, Charles Dutoit (direction)
Charles Dutoit
Il suffit de quelques minutes pour constater à quel point devant l’OSR, Charles Dutoit est un musicien si différent de celui si nerveux lorsqu’il dirigeait l’Orchestre National de France. Souriant, décontracté, économe de sa battue, il dose avec saveur et expertise les sonorités des instrumentistes dans une œuvre qu’il connait manifestement très bien. La musique se déroule ainsi avec un naturel et un charme que Ravel aurait apprécié.
Il n’y qu’un pas entre le monde des contes de Perrault et les fantaisies orientales de Schéhérazade. Le chef suisse reste fidèle aux mêmes options orchestrales. Les couleurs de l’orchestre sont plus Françaises que Russes, du Dufy plutôt que du Kandinsky, mais n’est ce pas trop demander aux musiciens de changer constamment de style, eux sont justement au milieu d’une série de représentations de Peter Grimes au Grand Théâtre de Genève. Le premier violon, Sergey Ostrovsky, nous régale de ses solos. A nouveau, la qualité technique, les équilibres sonores et la mise en place sont remarquables.
Entre ces deux œuvres, Charles Dutoit retrouvait Martha Argerich. La pianiste Argentine, qui habite à Lugano tout comme le chef Suisse originaire de Lausanne, sont chez eux au Victoria Hall. Comme à Paris, il y a quelques semaines, c’est un concerto de Beethoven qu’elle nous propose. C’est devenu une évidence de le dire à chaque apparition d’Argerich, mais sa lecture relève du prodige. Elle trouve en particulier une sonorité riche et forte mais sans dureté qui correspond tellement à ce que demande la musique de Beethoven. Captivé par la soliste, l’orchestre la suit avec soin, attentifs à son rubato si personnel.
Venu en masse pour entendre Argerich, le public lui fait un triomphe et reçoit deux bis superbes de virtuosité et de poésie, le «Traumes Wirren» des Fantasiestücke de Schumann suivi de la Mazurka opus 24 n° 2 de Chopin.
Antoine Leboyer
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