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Moravec’s corner Paris Théâtre des Champs-Elysées 04/08/2009 - Robert Schumann : Kinderszenen, opus 15
Ludwig van Beethoven : Sonate n° 23 «Appassionata», opus 57
Claude Debussy : Les sons et les parfums tournent dans l’air du soir – Children’s corner
Frédéric Chopin : Ballades n° 1, opus 23, et n° 4, opus 52
Ivan Moravec (piano)
Ivan Moravec
En prélude à sa trentième édition, qui se tiendra à Toulouse du 3 au 29 septembre 2009, «Piano aux Jacobins», par ailleurs toujours actif en Chine où il organise un festival et une saison de concerts, présente chaque printemps depuis dix ans une vitrine de ses activités au Théâtre des Champs-Elysées. Ce rendez-vous apparaît cette fois-ci tout particulièrement bienvenu, car il fournit l’occasion au public parisien de retrouver un musicien dont la précédente apparition, en février 2008 dans le cadre de «Piano ****», avait été annulée pour raisons de santé. On se réjouit donc de la venue d’Ivan Moravec, soixante-dix-huit ans, d’autant que s’il a mené une carrière relativement discrète, il n’en a pas moins laissé d’excellents enregistrements chez Supraphon, qui lui ont d’ailleurs valu d’accéder à la prestigieuse série «Les grands pianistes du XXe siècle», et il fait sans conteste figure de représentant le plus illustre du piano tchèque depuis la disparition de Josef Pálenícek et Rudolf Firkusný.
Un peu raide mais avec un sourire affable, il commence par les Scènes d’enfants (1838) de Schumann: un début difficile, marqué par une élocution irrégulière, lente et tendant même encore à ralentir, mais aussi par une simplicité de ton qui finit par s’imposer dans les quatre dernières pièces. Ce piano modeste, qui laisse hélas indifférents toux et téléphones portables, s’attache davantage au texte et à la construction qu’au toucher et à la sonorité, d’autant que les doigts s’égarent quelquefois et que quelques hésitations transparaissent ici ou là. La pondération demeure donc de mise dans la Vingt-troisième sonate «Appassionata» (1805): rien de haletant ou précipité dans ce Beethoven plus intériorisé que dramatique, plus feutré que flamboyant, où la main droite accentue parfois excessivement le chant.
Changement total de registre après l’entracte, au cours de laquelle Moravec aborde ce qui constitue peut-être davantage son répertoire de prédilection. D’abord un Debussy sans artifices ni tentations «impressionnistes», qui surprend dans «Les sons et les parfums tournent dans l’air du soir», extrait du Premier livre (1910) des Préludes, inhabituellement mat, tout sauf capiteux, plus objectif qu’entêtant. Quant aux six pièces de Children’s corner (1908), comme un pendant aux Scènes d’enfants de la première partie, elles frappent par leur fluidité, leur legato, leur lyrisme et même un charme «fin de siècle», donnant à entendre toute la délicatesse de la dédicace du compositeur à sa fille («A ma très chère Chouchou... avec les tendres excuses de son père pour ce qui va suivre»). Chopin conclut dans un esprit voisin, avec une Quatrième ballade (1842) limpide, décantée, sans fioritures, où le piano reprend des couleurs, même si la dureté de la main droite se fait à nouveau sentir de temps à autre, puis une Première ballade (1835) d’une liberté totale, ne recherchant jamais les effets de manche et gérant au mieux les contraintes techniques. On n’y trouvera certes sans doute pas toutes les notes; en revanche, toute la musique y est.
En bis, Moravec ne se contente pas des seize mesures du Septième (en la majeur) des vingt-quatre Préludes de l’Opus 28 (1839) de Chopin, mais offre également le Presto, ma non troppo de la Cinquantième sonate en ré majeur (1780) de Haydn.
Le site de Piano aux Jacobins
Un site consacré à Ivan Moravec
Simon Corley
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