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En pensant à la saison prochaine Paris Théâtre des Champs-Elysées 04/07/2009 - Christoph Willibald Gluck : Don Juan (extraits)
Wolfgang Amadeus Mozart : Concerto pour piano n° 19, K. 459
Francis Poulenc : Sinfonietta, FP 141
Iddo Bar-Shai (piano)
Ensemble orchestral de Paris, Jésus López Cobos (direction)
Iddo Bar-Shai (© Jean-Marc Gourdon)
Après le départ de John Nelson à la fin de la saison 2007-2008, l’Ensemble orchestral de Paris (EOP) n’a pas encore de directeur musical. Mais, «séduit» par «sa complicité avec les musiciens et son implication dans les projets éducatifs», il s’est choisi, à compter de la rentrée prochaine et pour une durée de deux ans, un «premier chef invité et conseiller artistique».
L’heureux élu est Joseph Swensen (né en 1960), ancien directeur musical de l’Orchestre national d’Ecosse (1996-2005) et chef principal de l’Opéra de Malmö depuis 2007. Ce New-Yorkais aux origines scandinaves, ainsi que son patronyme le suggère, mais aussi japonaises est déjà apparu à la tête de la formation parisienne à plusieurs reprises au cours des années passées et on pourra d’ailleurs le retrouver le 12 mai prochain dans Lalo, Dutilleux et Beethoven. Il dirigera quatre concerts à Paris dès la saison prochaine, sans compter les déplacements en province et à l’étranger, ainsi que sa participation – il est par ailleurs violoniste – à l’une des douze séances de musique de chambre avec les membres de l’orchestre le lundi soir au Théâtre 13 ou le samedi après-midi salle Cortot.
Ce n’est pas la seule innovation que l’EOP, entré dans sa quatrième décennie et désormais sous l’impulsion de Jean-Marc Bador, directeur général depuis octobre dernier, introduit à compter de la saison prochaine. Il s’est ainsi acquis le concours de deux personnalités: Nicolas Bacri, d’une part, comme «compositeur associé», et Laurence Equilbey avec son chœur de chambre accentus, d’autre part, pour «un compagnonnage artistique sur le répertoire avec voix» qui prendra la forme de deux programmes dès 2010. Par ailleurs, on relève l’intensification des retransmissions sur France Musique et la mise en place de «mini-résidences» dans trois arrondissements parisiens (XXe, puis XVe et XVIIIe), au cours desquelles musiciens, artistes et compositeurs, en relation avec les établissements d’enseignement, les conservatoires et les associations, partiront «à la rencontre d’un territoire urbain pour proposer un temps fort de quelques jours où les initiatives de l’orchestre rencontrent les envies des acteurs de proximité». Bref, une action culturelle et un ancrage territorial qui seront certainement du goût de la municipalité, principal soutien financier, même si elles ne suffiront sans doute pas à faire taire les rumeurs de fusion avec l’Orchestre de Paris. En tout état de cause, l’Ensemble demeurera fidèle, pour l’essentiel, au Théâtre des Champs-Elysées, en attendant l’inauguration de la future «Philharmonie» de Jean Nouvel.
Quant aux affiches de 2009-2010, elles ne manquent pas d’atouts, tant pour ce qui est des chefs que des solistes :outre John Nelson, directeur musical honoraire, seront ainsi présents – entre autres – Frank Braley, Frans Brüggen, Michel Dalberto, Bella Davidovitch, Sergeï Khachatryan, Louis Langrée, Eric Le Sage, François Leleux, Jean-Marc Luisada, Michel Portal, Heinrich Schiff, Masaaki Suzuki et Maxim Vengerov.
Les intéressantes perspectives qu’offre la prochaine saison permettront d’oublier rapidement un concert donné sous la baguette de Jésus López Cobos, director titular de l’Orchestre symphonique de Madrid depuis 2002 et directeur musical du Teatro Real depuis 2003, dans un Théâtre des Champs-Elysées moins rempli qu’à l’accoutumée. Au prétexte que Don Juan (1761) de Gluck, «si éloigné de notre esthétique, pleine de stéréotype galants», ne pourrait faire l’objet d’une écoute intégrale, neuf des trente-et-un numéros du ballet, parfois très brefs, se succèdent, simplement désignés par leur numéro dans les notes de programme: parfait pour organiser un bingo, un loto ou un quine, mais pas pour découvrir la partition du Chevalier. Dans ces extraits qui font la part belle aux cordes, on relève néanmoins avec amusement l’annonce d’un passage du finale du troisième acte des Noces de Figaro.
Mozart anticipe d’ailleurs lui-même l’air de Suzanne au dernier acte dans son Dix-neuvième concerto pour piano (1784). Iddo Bar-Shai, pianiste israélien de trente-deux ans, a enregistré voici trois ans un formidable disque Haydn pour Mirare (voir ici). La déception est d’autant plus brutale dans un Mozart lisse, propre, joli, minaudant et au jeu perlé d’un autre temps. Elle se confirme hélas en bis, avec la dernière des quatre Mazurkas de l’Opus 17 (1833) de Chopin, affectée, heurtée, sentimentale et trop sollicitée, dont on espère qu’elle ne constitue pas une image représentative des Mazurkas qu’il vient de publier chez Mirare. Comme il faut sans doute que certaines soirées soient maudites jusqu’au bout, celle-ci prend fin sur la Sinfonietta (1947), l’une des pages les plus faibles de Poulenc.
Le site d’Iddo Bar-Shai
Le site de l’Ensemble orchestral de Paris
Le site de Joseph Swensen
Simon Corley
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