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Folklores personnels Paris Salle Pleyel 03/25/2009 - et 26 mars 2009 Béla Bartók : Concerto pour piano n° 3, sz. 119
Alberto Ginastera : Variaciones concertantes, opus 23
Manuel de Falla : El Amor brujo
Elena Bashkirova (piano), Ginesa Ortega Cortés (mezzo)
Orchestre de Paris, Josep Pons (direction)
Josep Pons
A défaut d’un déroulement traditionnel, ce court programme de l’Orchestre de Paris avait le mérite de la cohérence, associant trois compositeurs ayant chacun assimilé de manière très personnelle les musiques populaires de leurs pays respectifs. Et il a également permis de montrer en Elena Bashkirova, fille de Dimitri Bashkirov et seconde femme de Daniel Barenboim, une musicienne accomplie, interprétant le Troisième concerto (1945) de Bartók tout en souplesse et en finesse, de façon résolument lyrique, notamment dans un magnifique Adagio religioso central, où il est pourtant si difficile de maintenir l’équilibre entre l’économie du propos et une expressivité qui ne devienne pas excessivement romantique: un succès qu’aucun bis ne vient hélas couronner.
En seconde partie, Josep Pons, directeur musical de l’Orchestre national d’Espagne depuis 2003 et principal chef invité du Liceu de Barcelone, offre un voyage dans le monde hispanique, commençant en Amérique du Sud. On aurait sans doute souhaité que l’Orchestre de Paris (et d’autres institutions) rendent hommage à Villa-Lobos en 2009, cinquantenaire de sa mort, mais il faut se réjouir que l’occasion soit ainsi donnée de pouvoir entendre dans la capitale la musique d’Alberto Ginastera (1916-1983). Créées par Igor Markevitch, ses Variations concertantes (1953) adoptent un principe assez comparable à celui des Variations Purcell de Britten, sans en revendiquer toutefois la visée pédagogique et en faisant appel à un effectif instrumental plus réduit (deux flûtes, hautbois, deux clarinettes, basson, deux cors, trompette, trombone, timbales, harpe et cordes).
Le thème, intense et nostalgique, énoncé par le violoncelle solo et la harpe, est suivi de neuf variations entrecoupées de deux interludes: chaque variation met en valeur un ou deux solistes – nul n’est oublié, pas même la contrebasse, à laquelle échoit même l’honneur de reprendre le thème avant le rondo final – tandis que les interludes sont respectivement confiés aux cordes et aux vents. Parfois enchaînés sans interruption, ces brefs mouvements possèdent chacun un caractère propre, expressément indiqué par la partition («joyeux», «rythmique», ...), ou prennent l’aspect d’un exercice de style («en canon», «mouvement perpétuel», ...). De conception originale, l’œuvre s’apparente donc aussi à un concerto pour orchestre, permettant aux excellents chefs de pupitres de la formation parisienne de briller: les variations dévolues à l’alto («dramatique») et au cor («pastorale») ressortent particulièrement par leur dimension expressive, alors que le rondo final avoue davantage ses influences, aussi bien le Stravinski néoclassique que les rythmes latinos, ce malambo que le compositeur argentin, dont les grands concertos (violon, piano, violoncelle) de la maturité possèdent toutefois davantage d’impact et de personnalité, avait déjà illustré dix ans plus tôt dans son ballet Estancia.
Josep Pons conclut avec L’Amour sorcier (1915/1925) de Falla, un répertoire qui l’a fait connaître voici une vingtaine d’années, notamment grâce aux enregistrements qu’il en réalisa avec son Orchestre de chambre du Teatre Lliure de Barcelone pour Harmonia mundi. La chanteuse de flamenco Ginesa Ortega Cortés, présentée ici comme une «mezzo soprano», était déjà de l’aventure. Tout à fait séduisante au disque, la solution semble peiner à s’imposer au concert: en juin 2000, Rafael Frühbeck de Burgos avait lui aussi choisi de confier la partie vocale à la voix si typiquement rauque et cassée d’une cantoara qui, utilisant également un micro, n’avait pas davantage convaincu (voir ici). Mais l’orchestre, restreint en bois et cuivres comme chez Ginastera, demeure heureusement le héros principal de cette «suite symphonique», ultime version d’un ballet à la gestation complexe: à sa tête, le chef catalan, sans jamais recourir à des artifices faciles, s’impose par une direction généreuse en atmosphères envoûtantes.
Simon Corley
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