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Carré d’as Toulouse
Théâtre du Capitole
03/18/1999 -
Ludwig van Beethoven : Quatuors N° 4, 10, 15
Quatuor Hagen
Il est très étonnant de constater que, alors que nombre de quatuors de grande qualité se produisent dans le monde, si peu soient programmés dans le cadre des grandes séries de concerts et qu’il soit presque impossible d’en entendre dans une ville comme Toulouse. Cet étonnement se mue même en incompréhension lorsque l’on découvre que le public n’a pas hésité à se déplacer en nombre pour ce programme pourtant sans concession. Et quel public! Calmes, attentifs… les mélomanes toulousains, ailleurs si bruyants, se sont montrés ici très respectueux des musiciens et de la musique.
Il faut dire que la prestation du quatuor Hagen avait tout pour imposer le respect. Le maître-mot de leur approche de la musique de Beethoven semble être la concentration, concentration intellectuelle aussi bien que musicale, exprimée dans des phrasés épurés, simples, incisifs mais élégants et des tempos d’une grande vivacité et d’un constant rebond rythmique. Tout effet est proscrit à l’avantage d’une musicalité naturelle mais sans concession, toujours rigoureuse et sobre, austère parfois, mais véhémente si nécessaire. Ainsi, les mouvements lents respirent avec beaucoup de souplesse et de nuances, mais sans aucune langueur et avec un dramatisme soutenu.
De plus, la qualité du jeu est constante, servie par une couleur sombre mais aérée, due à un parfait équilibre entre les instruments et à la grande importance accordée à la partie d’alto, très présente. Cette approche, très classique et équilibrée mais pas sans chaleur, rappelle beaucoup celle des grands quatuors viennois dont elle semble s’inspirer et montre bien la continuité culturelle dans laquelle se place ce “jeune” quatuor.
Reste à espérer que le grand succès musical et public de cette soirée incite enfin les organisateurs toulousains à programmer de la musique de chambre de façon plus soutenue.
Laurent Marty
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