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Coup de foudre toulousain Toulouse
Théâtre du Capitole
03/18/1999 -
Airs et mélodies de Mozart et Bellini
Inva Mula (soprano)
Rappelons une fois encore l’excellente initiative que constitue la série des “Midi du Capitole” qui permet d’entendre en récital des artistes se produisant dans les opéras à l’affiche, et ce pour un prix dérisoire (20 f). Les toulousains ne s’y sont d’ailleurs pas trompés et il est bien rare que la salle ne soit pas entièrement pleine.
C’est d’ailleurs devant une salle bondée que la soprano Inva Mula a donné son premier récital toulousain, quelques jours avant d’aborder Violetta sur la scène du Capitole. La curiosité des toulousains avait sans doute été aiguillonnée par l’émission récente que l'inépuisable (mais épuisante) Eve Ruggieri lui avait consacrée, mais aussi par l’envie de juger sur pièce celle qui allait alterner avec Leontina Vaduva, chère au cœur de ce public même s’il semblerait que sa prestation ait quelque peu déçu les attentes.
Ce concert a permis de faire connaissance avec une chanteuse dotée d’une voix très puissante et homogène, visiblement bien préparée techniquement. On peut noter toutefois un vibrato qui tend à s’élargir dans le forte et brouille certaines vocalises ainsi qu’une légère agressivité du timbre dans l’aigu. Mais, étant donné l’excellent état de santé de la voix, ces défauts paraissent facilement remédiables.
Ces qualités vocales patentes ne peuvent toutefois masquer la relative indifférence de la chanteuse au style des pièces interprétées. Les frêles héroïnes mozartiennes paraissaient écrasées par ce chant certes nuancé mais plus soucieux de montrer l’étendue de ses capacités que de caractérisation psychologique. En fait, le choix du programme n’était peut-être pas le plus judicieux étant donné la relative lourdeur de la voix de la cantatrice, certainement plus à sa place dans Verdi. Toutefois son chant puissant et toujours agréable fait d’Inva Mula une très solide recrue pour les scènes lyriques, dotée de moyens vocaux point si fréquents à l’heure actuelle.
Le public toulousain semble en tout cas avoir été charmé et a réservé un véritable triomphe à cette chanteuse, qu’il vaudra mieux juger cependant dans un répertoire qui lui convient davantage.
Anecdote sympathique, le ténor Tito Beltrán, son Alfredo sur la scène du Capitole, qui assistait au concert en tant que simple spectateur, a été convié par la chanteuse a partager un bis avec elle. Après s’être fait gentiment prier, il s’est exécuté de bonne grâce devant l’insistance du public et a offert un brindisi de La Traviata tout à fait honorable pour un chanteur ainsi cueilli à froid.
Laurent Marty
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