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Une version intimiste de la Messe en si

Paris
Eglise Saint-Roch
02/27/2009 -  et 26 février (Rouen), 1er (New York), 4 (Antwerpen), 5 (Gent), 8 (Zürich) mars 2009
Johann Sebastian Bach : Messe en si mineur BWV 232
Hana Blazikova (soprano), Damien Guillon (alto), Hans Jörg Mammel (ténor), Matthew Brook (basse)
Collegium Vocale Gent, Philippe Herreweghe (direction)


P. Herreweghe (© Eric Larrayadieu)


L’année 2009 n’est pas encore trop avancée pour qu’on puisse se permettre de faire encore référence à un anniversaire fêté en 2008… En effet, et même si la date présumée est parfois 1859, ce n’est semble-t-il qu’à la fin de l’année 1858 que la Messe en si mineur fut exécutée en public intégralement pour la première fois, soit plus de cent ans après la mort de son auteur, Jean-Sébastien Bach (1685-1750).


La Messe en si mineur fait partie des plus grandes partitions du Cantor, tant par la durée sur laquelle elle a été travaillée qu’en raison de sa conception générale. Etalée de 1724 (date probable de la composition Sanctus) au milieu des années 1730 (époque à laquelle le Kyrie et le Gloria ont été écrits), elle fut sans cesse revue et corrigée par Bach, notamment dans les années 1740, au point de devenir un véritable fil conducteur tout au long de sa vie. Remarquable par ses qualités strictement musicales, la Messe en si revêt également un caractère particulier en raison de son caractère de messe allemande, élément liturgique protestant, mais chantée en latin, donc davantage à connotation catholique. Sa dimension œcuménique a également contribué à l’entourer d’une aura que peu d’œuvres sacrées ont connue depuis.


Tous ces éléments pourraient faire de la Messe en si une œuvre grandiose, voire grandiloquente : ce serait mal connaître Philippe Herreweghe que de penser qu’il puisse céder à ce penchant. Que ce soit au disque (à trois reprises chez Harmonia Mundi) ou en concert, le chef flamand n’a cessé de remettre cet ouvrage sur le métier, ayant notamment soin d’alléger le propos au fil des interprétations. Ce concert s’inscrit sans conteste dans cette patiente évolution : orchestre à petit effectif, dix-huit chanteurs dont les quatre solistes vocaux. La jeune soprano Hana Blazikova déçoit rapidement : que ce soit dans le « Christe Eleison » ou dans le beau « Laudamus te » (accompagnée il est vrai par un violon solo handicapé par quelques problèmes de technique et de justesse), la faiblesse de son émission et son timbre diaphane convainquent peu. Il en va autrement, aidée peut-être par une soudaine capillarité, lorsqu’elle est accompagnée par Damien Guillon, encore une fois irréprochable. Le duo « Et in unum Dominum » fut bouleversant par sa noirceur et sa mélancolie, opportunément renforcées par le jeu des ombres et lumières de l’église. Si Hans Jörg Mammel livra une prestation tout juste honnête (contrairement à sa récente apparition sous la direction de Konrad Junghänel), celle de Matthew Brook doit en revanche être saluée notamment dans le « Quoniam tu solus Sanctus » où, ce qui est assez rare pour être souligné, le cor naturel de Teunis van der Zwart fut impeccable dans une partie ô combien périlleuse.


A ce titre, l’orchestre du Collegium Vocale de Gand fit de nouveau une très belle impression (encore qu’on l’ait parfois connu meilleur), que ce soit chez les solistes ou les ensembles. On ne s’en souvient pas toujours mais la Messe en si mineur est avant tout une magnifique œuvre chorale. Ces dernières semaines, le public parisien a déjà pu louer l’Amsterdam Baroque Choir de Ton Koopman (ici) ou déplorer, chez Junghänel, l’absence de chœur. En l’espèce, il était évident que la prestation serait de la plus haute qualité et, en effet, le Collegium Vocale fut splendide, comme à son habitude : clarté de la diction, implication dans les différents climats de l’œuvre (quelle joie dans le « Et resurrexit » !), il fut sans conteste la véritable clé de voûte de la soirée.


Comment parler d’un tel concert sans évoquer rapidement Philippe Herreweghe ? Fidèle à lui-même, sa gestique trahissant néanmoins parfois quelque raideur, il fut sans cesse attentif à ses troupes, semblant d’ailleurs regretter qu’elles ne le suivent pas toujours dans les emportements qu’il aurait aimé instiller dans l’interprétation. C’est pourtant une église debout dès les premiers applaudissements qui salua l’ensemble des exécutants pour une soirée qui, si elle ne fut pas aussi exceptionnelle qu’on aurait peut-être pu s’y attendre, permit néanmoins d’apprécier de nouveau les qualités d’un des fleurons de la musique occidentale.


Le site du Collegium Vocale
Le site de Hans Jörg Mammel



Sébastien Gauthier

 

 

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