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Revigorantes Noces

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
02/25/2009 -  et 27 février, 1er, 3, 5, 7 mars 2009
Wolfgang Amadeus Mozart : Le Nozze di Figaro, K. 492

Pietro Spagnoli (Il Conte di Almaviva), Maija Kovalevska (La Contessa di Almaviva), Vito Priante (Figaro), Olga Peretyatko (Susanna), Anna Bonitatibus (Cherubino), Antonio Abete (Bartolo), Sophie Pondjiclis (Marcellina), Amanda Forsythe (Barbarina), Jean-Paul Fouchécourt (Don Basilio), Serge Goubioud (Don Curzio), Davide Pelissero (Antonio)
Chœur du Théâtre des Champs-Elysées, Philip White (direction), Les Musiciens du Louvre-Grenoble, Marc Minkowski (direction musicale)
Jean-Louis Martinoty (mise en scène), Hans Schavernoch (décors), Sylvie de Segonzac (costumes), Fabrice Kebour (lumières), Cooky Chiapalone (chorégraphie)


V. Priante, O. Peretyatko, M. Kovalevska, P. Spagnoli
(© Alvaro Yañez)




Jean-Louis Martinoty marche-t-il sur les pas de Strehler, dont les mythiques Noces de Figaro (1786) ont fait les beaux soirs de l’Opéra national de Paris durant trois décennies? En tout cas, voici, toujours au Théâtre des Champs-Elysées, six nouvelles représentations d’une production couronnée d’un Grand prix de la critique à sa création en octobre 2001 avec le Concerto Köln sous la direction de René Jacobs (voir ici), puis reprise en juin 2004 (voir ici) et ensuite confiée à Evelino Pidò (octobre 2005).


Cette quatrième série mise toujours sur les instruments «anciens», mais il s’agit cette fois-ci de ceux des Musiciens du Louvre-Grenoble. Il n’est décidément pas facile de se faire à l’aigreur des bois, mais il n’en faut pas moins reconnaître que parmi les formations comparables, celle-ci tient le haut du pavé – les cors naturels sont presque parfaits, c’est dire. Malgré sa relative modestie (vingt-sept cordes), l’effectif installé dans la fosse ne paraît nullement chétif, au point de couvrir les voix les moins puissantes. Les récitatifs sont dévolus au pianoforte, parfois renforcé par le violoncelle solo: imaginatif et malicieux – Chérubin est ainsi salué par les premières mesures du Concerto «Jeunehomme» –, Francesco Corti se joint même souvent aux tutti. La baguette (aux extrémités argentées) de Marc Minkowski ne manque pas de peps, comme de coutume, mais sans raideur. Jouant des contrastes, au point de souligner de façon insistante certains temps forts du livret ou de la partition – la coda de l’air de Chérubin au premier acte, le pardon du Comte au dernier acte – le chef maintient toutefois l’élan de la première à la dernière note, en phase avec la «folle journée» de Beaumarchais et da Ponte, mais aussi avec la mise en scène de Martinoty.


Ce dynamisme, c’est celui qui résulte à la fois d’une lecture très approfondie du livret, fourmillant de notations subtiles, et d’une direction d’acteurs très mobile et même physique. Et c’est Eros qui mène le bal: tous les personnages sont explicitement portés sur la gauloiserie et la bagatelle, y compris la Comtesse, qui n’est pas loin de céder aux avances de Chérubin. Univers léger et frivole fin XVIIIe? Voire: non seulement certaines trouvailles, comme ces choristes qui encensent le Comte tout en se resserrant progressivement en spirale autour de lui, viennent en écho de la charge révolutionnaire du texte, mais les décors suggèrent également un arrière-plan plus sombre. Ayant sans doute encore en tête le Così donné en novembre dernier (voir ici), le programme de salle situe l’action... à Naples. Naples ou un château près de Séville, peu importe, à vrai dire, car si les costumes de Sylvie de Segonzac respectent l’époque, les décors de Hans Schavernoch consistent presque essentiellement en des tableaux, dans des éclairages en clair-obscur de Fabrice Kebour: non point Fragonard ou Watteau, mais des évocations mélancoliques allant du XVIIe au XIXe siècles, cabinets d’amateurs, ateliers d’artistes, crucifixion, trompe-l’œil, natures mortes, vanités ou allégories. Ces immenses reproductions descendent des cintres vers le plateau, légèrement de guingois: économes en accessoires, dont certains donnent aussi l’impression de sortir d’une toile, elles permettent aux personnages de se dissimuler ou, au dernier acte, d’apparaître en filigrane, comme au travers d’un feuillage.


«Homogène»: si l’adjectif est souvent employé pour qualifier une distribution, au point d’en sembler galvaudé, il ne s’en applique pas moins pleinement à celle-ci, grandement renouvelée par rapport aux précédents millésimes du spectacle. Seul rescapé des deux premières séries, Pietro Spagnoli campe un Comte vulgaire et hâbleur, à la voix parfois nasale et métallique, face à Maija Kovalevska, une Comtesse en rien éthérée mais aux attaques parfois imprécises. Le couple formé par le Figaro de Vito Priante et la Suzanne d’Olga Peretyatko, sans être inoubliable, séduit sans peine. La chaleur, la précision et la présence d’Anna Bonitatibus font merveille en Chérubin, tandis qu’il faut s’habituer au timbre astringent de Sophie Pondjiclis en Marcelline, entourée du Basilio goguenard et veule de Jean-Paul Fouchécourt et du Bartolo d’Antonio Abete, pas très à l’aise dans son air du premier acte.


A en juger par la première, ces Noces revigorantes attirent un public aussi nombreux qu’enthousiaste, et ce n’est que justice.


Le site d’Olga Peretyatko
Le site de Pietro Spagnoli
Le site de Maija Kovalevska
Le site d’Anna Bonitatibus
Le site de Sophie Pondjiclis
Le site d’Amanda Forsythe
Le site de Jean-Paul Fouchécourt
Le site des Musiciens du Louvre-Grenoble



Simon Corley

 

 

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