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Une étoile nommée Calisto

Bruxelles
La Monnaie
02/17/2009 -  et les 19, 20, 22*, 24, 26, 27 février et 1er mars 2009
Francesco Cavalli : La Calisto
Sophie Karthäuser (Calisto/Eternità), Johannes Weisser (Giove), Georg Nigl (Mercurio), Lawrence Zazzo (Endimione), Caitlin Hulcup (Diana/Destino), Thomas Walker (Linfea), Max Emanuel Cencic (Satirino/Furia), Magnus Staveland (Pane/Natura), Angélique Noldus (Furia), Konstantin Wolff (Silvano), Inga Kalna (Giunone)
Concerto Vocale, René Jacob (direction)
Herbert Wernicke (mise en scène, décors et costumes), Dagmar Pischel (reprise de la mise en scène), Stefanie Pasterkamp (responsable artistique pour les décors), Robert Brasseur (éclairages)


Sophie Karthäuser, Johannes Weisser, Lawrence Zazzo (© DR)



La Monnaie remonte la légendaire Calisto du tandem Wernicke/Jacobs, créée en 1993, reprise trois ans plus tard, représentée dans toute l’Europe (Berlin, Barcelone, Salzbourg, Lyon (voir ici), Montpellier, Vienne, Luxembourg) et immortalisée en CD et DVD (harmonia mundi). Ce spectacle, tout particulièrement remarqué lors du mandat de Bernard Foccroulle, est un des plus intimement associés au théâtre bruxellois et figure parmi les grandes réussites d’Herbert Wernicke (1946-2002), qui signa à Bruxelles une poignée de productions inoubliables dont le dernier Ring (1991) et un spectaculaire Orphée aux enfers représenté en 1997 et 1999. Dagmar Pischel reprend la mise en scène, assistée de Stefanie Pasterkamp pour les décors. Dans la fosse, le Concerto Vocale, de nouveau, et son fondateur René Jacobs, maître d’œuvre de la reconstitution de la partition manuscrite, laissée quasiment à l’état d’esquisses.


La Calisto (1651) de Francesco Cavalli (1602-1676) ? Une histoire de dieux de l’Olympe (Jupiter, Junon), de dieux sylvestres (Diane, Pan), de mortels (Calisto, Endymion) et de génies de la nature, un subtil mélange de gravité et d’humour, le tout nappé d’une bonne dose de loufoquerie et d’un zeste d’érotisme sans vulgarité. Wernicke a rendu ces divinités touchantes et proches des humains parce que lubriques, joueuses, moqueuses et souvent grotesques. Les costumes, somptueux, y contribuent grandement mais plus encore, l’ingénieux dispositif scénique, véritable machinerie baroque remplie de trappes, de nacelles et autres surprises et directement inspiré du plafond de la Sala del mappamondo de la Villa Farnèse à Caprarola (seconde moitié du XVIe siècle) qui représente les signes du zodiaque. Les personnages, savoureuse et improbable galerie de portraits, surgissent de toutes parts, murs, sols, plafonds. La magie, la poésie, l’émerveillement et l’émotion sont donc au rendez-vous et, sur ce point, nous laisserons aux futurs spectateurs le soin de découvrir la merveilleuse conclusion, lorsque Calisto est immortalisée sous l’aspect d’une constellation…


La Calisto, c’est également une exigence vocale et scénique de tous les instants : point de rôles secondaires dans cette remarquable distribution entièrement renouvelée et chaleureusement saluée par un public conquis. A l’exception de Lawrence Zazzo, émouvant Endimione, les chanteurs, tous épatants comédiens, débutent dans leur rôle. Chacun maîtrise les affetti avec justesse et le jeu collectif avec bonheur, à commencer par l’exquise Sophie Karthäuser dans le rôle-titre, fine musicienne au timbre pur, apte à la passion comme à la douceur, Johannes Weisser (Jupiter), baryton imposant et irrésistible transformé en Diane, Georg Nigl, charismatique Mercure, le désopilant Thomas Walker qui campe une libidineuse Linfea, l’étoile montante Max Emanuel Cencic (Satirino) et la sémillante Angélique Noldus (Furia). Le reste du plateau ne démérite pas, loin de là : Caitlin Hulcup, Magnus Staveland, Konstantin Wolff et Inga Kalna endossent leur personnage avec conviction.


La Calisto, c’est enfin René Jacobs, infatigable découvreur d’ouvrages rares. Pour l’occasion, le chef gantois, spécialiste de ce répertoire, a enrichi l’instrumentation de quelques vents. Sa direction alerte et constamment relancée à la tête d’un Concerto Vocale instrumentalement séduisant (cordes épicées, bois fruités, clavecin éloquent) se traduit par des effets théâtraux du plus bel effet.



Sébastien Foucart

 

 

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