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Deuxième édition Paris Comédie des Champs-Elysées 02/09/2009 - Franz Schubert : Der Wanderer, D. 493
Gabriel Fauré : Jardin nocturne (extraits de «Mirages»), opus 113 n° 3
Edwin Crossley-Mercer (baryton), Michaël Guido (piano)
Niccolo Paganini : Introduction et Variations «I palpiti», opus 13
Sergey Malov (violon), Xénia Maliarevitch (piano)
Franz Liszt : Paraphrase de concert sur «Rigoletto»
Anastasya Terenkova (piano)
Franz Waxman : Carmen Fantasy
Lena Semenova (violon), Xénia Maliarevitch (piano)
Jacques Offenbach : Air «Conduisez-moi vers celui que j’adore» (extrait de «Robinson Crusoé»)
Omo Bello (soprano), Valeria Suchkova (piano)
Paul Pabst : Illustrations de «La Dame de pique»
Florian Noack (piano)
Nikolaï Rimski-Korsakov : Air «S podrujkami po jagodu» (extrait de «Snegourotchka»)
Gaetano Donizetti : Récitatif «Tranquillo ei posa» et air «Com’è bello» (extraits de «Lucrezia Borgia»)
Anna Kasyan (soprano), Mathieu Pordoy (piano)
Franz Schubert : Auf dem Wasser zu singen, D. 774 (transcription Franz Liszt)
Gabriel Fauré : Allegro molto moderato et Scherzo extraits du Quatuor avec piano, n° 1, opus 15
Natacha Kudritskaya (piano), Ensemble Musique oblique: Katharine Gowers (violon), Siliva Simonescu (alto), Diana Ligeti (violoncelle)
En 2008, le Concours Vibrarte avait consacré sa première édition à trois disciplines: piano, violon et violoncelle (voir ici). Cette année, il s’est tenu, toujours sous la présidence et la direction artistique du violoniste Radu Blidar, du 3 au 8 février salle Liebermann à l’Opéra Bastille: comme prévu, le chant s’est substitué au violoncelle et a même inspiré une partie du programme de la demi-finale des violonistes et pianistes, qui devaient choisir «une œuvre (arrangement, fantaisie, paraphrase, transcription, variations) ayant comme source d’origine une œuvre vocale (air, mélodie, opéra, ...)». Le palmarès, où l’on découvre bon nombre de jeunes artistes qui ont déjà commencé à se faire un nom, n’apporte donc pas de révélations fracassantes, mais témoigne du niveau élevé des candidats, comme le concert des lauréats, diffusé en direct sur Mezzo depuis la Comédie des Champs-Elysées, a permis de le constater.
Du Russe Sergey Malov (né en 1983), qu’on pourra réentendre dès le 12 février prochain (au violon mais aussi à l’alto) à l’Auditorium du Louvre en remplacement du Quatuor de Jérusalem, on peut dire qu’il conserve son troisième prix, puisque qu’il l’avait déjà remporté l’an dernier. Malgré son indéniable personnalité, qui s’exprime dans Introduction et Variations (1819) de Paganini sur l’air «Di tanti palpiti» (extrait de Tancrède de Rossini), sa sonorité paraît moins riche que celle de sa compatriote Lena Semenova (née en 1986), qui obtient le deuxième prix et joue la Carmen Fantasy (1946) de Waxman. Cela étant, l’un comme l’autre déçoivent par leurs approximations et leur tendance à céder aux effets faciles: on comprend donc que les six membres du jury violon, dont Olivier Charlier et Annick Roussin, n’aient pas souhaité attribuer de premier prix. Ils ont par ailleurs décerné un «prix spécial» au Roumain Eugen Tichindeleanu (né en 1981).
Déjà programmée la saison passée au Musée d’Orsay, Natacha Kudritskaya (née en 1983), élève de Jacques Rouvier et d’Alain Planès au Conservatoire national supérieur de musique de Paris, remporte le premier prix – pantalon de toile et baskets (aux trois bandes), l’habit ne fait pas le moine. Son interprétation de la transcription par Liszt (1838) du lied Auf dem Wasser zu singen (1823) fascine en ce qu’elle préserve tout l’original de Schubert. D’un montant modique (500 euros, dix-huit fois moins que celui accordé au premier prix), le «prix Robert Casadesus», destiné à récompenser «un lauréat pour le caractère personnel et la justesse de son interprétation», couronne également l’Ukrainienne, qui donne avec trois membres de l’ensemble Musique oblique les deux premiers mouvements du Premier quatuor avec piano (1879/1883) de Fauré. C’est le deuxième prix (ex-æquo) qui faisait office de tourneur de pages: Florian Noack (né en 1990) s’était auparavant présenté dans les rares Illustrations de «La Dame de pique» (1890) du Germano-russe Paul (Pavel) Pabst (1854-1897): un piano un peu dur, mais autrement plus varié que celui d’Anastasya Terenkova (née en 1981) dans la Paraphrase de concert sur «Rigoletto» (1859) de Liszt. Toutefois, sans doute au vu de l’ensemble des épreuves, le jury, composé de Michel Béroff, David Lively, Aleksandar Madzar, Theodor Paraskivesco, Anne Queffélec, Jean-Claude Vanden Eynden et Haruko Ueda, n’en a pas moins classé au même rang le Belge et la Russe, qui s’est déjà produite en duo au Louvre en octobre 2006 (voir ici) puis en récital à Orsay en novembre dernier.
Le (déjà) très solide métier d’Anna Kasyan (née en 1981), encore tout récemment quatrième prix au Concours Reine Elizabeth (voir ici), n’a pas eu de peine à s’imposer, d’autant qu’elle bénéficie en la personne de Mathieu Pordoy, du plus fin accompagnateur de cette soirée: professionnalisme évident, et même grands gestes de diva, la soprano géorgienne se révèle totalement à son avantage dans l’air du premier acte de Snegoroutchka (1881) de Rimski-Korsakov et, bien que plus exposée dans le récitatif et air de Lucrezia extraits du prologue de Lucrezia Borgia (1833) de Donizetti, elle cisèle de superbes phrasés. Troisième prix, Edwin Crossley-Mercer (né en 1982) a entamé une belle carrière, comme le montrent son récital au Louvre en février 2007 (voir ici) et sa participation au Così fan tutte de l’Opéra de Rouen à l’automne dernier (voir ici): dans Le Voyageur (1816) comme dans «Jardin nocturne» extrait de Mirages (1919) de Fauré, le baryton français confirme son aisance dans le lied comme dans la mélodie, le soin qu’il apporte à la diction et au texte ainsi que la diversité des couleurs qu’il sait conférer à sa voix. Le jury, où l’on retrouve Franck Ferrari, Janine Reiss, Anton Scharinger ou Cheryl Studer, a en revanche fait preuve de davantage d’originalité en attribuant le deuxième prix à Omo Bello (née en 1984), dont c’était ici le premier concours: dans l’air «Conduisez-moi vers celui que j’adore» de Robinson Crusoé (1867) d’Offenbach, la soprano nigériane déploie un colorature aussi vert et acidulé que sa robe et peine parfois à gérer ses moyens, mais fait valoir un talent assurément prometteur.
Le site du Concours Vibrarte
Le site de l’Ensemble Musique oblique
Un site consacré à Paul Pabst
Simon Corley
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