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Candidat sérieux

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
02/03/2009 -  
Aaron Copland : Symphonie n° 2 «Short symphony»
Gabriel Fauré : Ballade, opus 19
Richard Strauss : Burleske
Kurt Weill : Symphonie n° 2

Michel Dalberto (piano)
Ensemble orchestral de Paris, James Judd (direction)


James Judd


En choisissant deux symphonies rares, quasi contemporaines – la Deuxième (1933) de Copland et la Seconde (1934) de Weill – pour encadrer des partitions un peu à part du répertoire concertant – les Ballade (1879/1881) de Fauré et Burlesque (1886/1890) de Strauss –, l’Ensemble orchestral de Paris n’a pas opté pour la facilité. Car un tel programme est original, et donc courageux, tant le public se révèle parfois frileux, même si le Théâtre des Champs-Elysées était décemment rempli pour l’occasion, il est vrai sans doute attiré par la venue de Michel Dalberto.


Le pianiste français trouve peu à peu ses marques dans Fauré: droit et intériorisé dans les premières pages, son jeu s’assouplit progressivement pour aboutir à une conclusion magnifique de sensibilité et de sonorité. Il aurait pu poursuivre dans la même veine avec une autre œuvre de Fauré (sa plus tardive Fantaisie) ou un autre triptyque français (les Variations symphoniques de Franck), mais il a préféré une musique radicalement différente, quoique composée à la même époque: une consolation pour ceux qui, voici quelques jours, attendaient Hélène Grimaud dans cette Burlesque, à laquelle elle préféra (prudemment?) le Concerto en sol de Ravel (voir ici). Et plus qu’une consolation, même, car Michel Dalberto, nullement pris en défaut par les exigences de virtuosité à la fois lisztiennes et brahmsiennes, en fait ressortir le charme et la flamboyance romantique. En bis, il donne avec Deborah Nemtanu, violon solo supersoliste, un arrangement «réalisé l’après-midi même» d’un lied de Strauss, Morgen (1894/1897).


Des quatre symphonies de Copland (trois numérotées et une Dance symphony), l’imposante Troisième conserve une assez grande réputation, alors que la Deuxième, dont Carlos Chávez dirigea la première exécution à Mexico, mériterait une plus large diffusion. Elle en diffère aussi bien par le style, qui évoque les jaillissements d’Appalachian spring et le côté «étude de rythmes» d’Apollon musagète de Stravinski, que par les dimensions: un quart d’heure en trois mouvements enchaînés, d’où son sous-titre de «Short symphony», et un effectif restreint à un orchestre de chambre (sans percussion mais avec bois par trois et piano). Roboratifs et difficiles à mettre en place par leur mètre sans cesse changeant, les deux mouvements rapides cultivent un esprit néoclassique, mais le cœur de l’ouvrage se situe sans doute dans une méditation centrale d’une grande intensité.


Né la même année que Copland et de même nationalité, puisqu’il fut naturalisé Américain en 1943, Weill n’est bien entendu pas principalement connu pour ses symphonies. C’est dommage pour la Seconde, créée par Bruno Walter à Amsterdam: davantage de Hindemith que de Bruckner, comme on s’en doute, une pointe d’ironie mahlérienne et même peut-être un zeste de Poulenc dans cette commande de la princesse de Polignac, mais surtout beaucoup de Weill. Car s’il écrit pour un orchestre «Haydn» simplement augmenté de deux trombones et se coule dans une forme assez classique en trois mouvements, le compositeur de L’Opéra de quat’sous n’en demeure pas moins immédiatement reconnaissable: sa plume cinglante aussi bien que son génie mélodique font merveille dans les mouvements extrêmes. Et le Largo central, vaste marche funèbre émaillée de solos de violoncelle (excellent Guillaume Paoletti) et de trombone, suffirait à en faire l’un des jalons essentiels de l’histoire de la symphonie allemande dans l’entre-deux-guerres.


Dans Copland comme dans Weill, James Judd redonne indéniablement des couleurs et une pêche à l’Ensemble orchestral de Paris, plus en difficulté pour accompagner le soliste. Alors même que, sous l’impulsion de son nouveau directeur général Jean-Marc Bador, la phalange parisienne cherche, à compter de la saison 2010-2011, un successeur à John Nelson, devenu «directeur musical honoraire» après dix ans de bons et loyaux services, le chef britannique – visiblement très apprécié des musiciens, qui seront, le moment venu, étroitement associés à cette décision – est apparu comme un candidat sérieux à ce poste.


Le site de Michel Dalberto



Simon Corley

 

 

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