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Animato fortissimo

Paris
Salle Cortot
01/20/2009 -  
Ludwig van Beethoven : Sonate n° 24 «A Thérèse», opus 78
Franz Liszt : Méphisto-Valse n° 1
Serge Prokofiev : Sonate n° 7, opus 82

Federico Colli (piano)
Ludwig van Beethoven : Rondo, opus 51 n° 2
Franz Schubert : Impromptu, D. 899 (opus 90) n° 3
George Crumb : A Little Suite for Christmas, A.D. 1979
Franz Liszt : Deux Légendes

Tomoki Kitamura (piano)


Tomoki Kitamura (© David Anderson)



Toujours fidèle aux soirées du mardi à la Salle Cortot, et toujours sous l’impulsion de Marian Rybicki, professeur à l’Ecole normale de musique, l’association «Animato» s’attache à présenter les «grands talents pianistiques de demain» par le biais d’un concours annuel et de récitals hebdomadaires. Autant d’occasions d’assister à de très beaux récitals dans d’excellentes conditions, ce qui n’a pas échappé pas à l’attention d’un public connaisseur et fidèle: l’accès à ses différentes manifestations est en effet gratuit, les spectateurs étant simplement incités à contribuer à remplir les «tirelires» transparentes mises à leur disposition à la fin des concerts. Bêtes à concours que ces pianistes invités? Ils le sont certes en ce sens qu’ils ont souvent à leur actif un palmarès impressionnant, mais on est heureux de découvrir avant tout en eux de véritables musiciens.


C’est le cas de Federico Colli: originaire de Brescia, actuellement en perfectionnement avec Konstantin Bogino, il aura vingt-et-un ans en août prochain et vient d’obtenir le «prix spécial musique romantique» du Concours Grand prix Animato. A n’en point douter, une personnalité originale, qui se révèle dès les premières mesures de la Vingt-quatrième sonate «A Thérèse» (1809) de Beethoven: généralement cantonnés dans un registre aimable, les deux brefs mouvements, donnés avec toutes leurs reprises, acquièrent ici une dimension insoupçonnée, qui annonce les ultimes sonates, à la faveur d’une lecture étrange, parfois décomposée jusqu’à l’affectation. Dans la Première Méphisto-Valse (1860) de Liszt, l’Italien confirme qu’il ne manque ni d’audace ni de tempérament, même s’il s’impose davantage par l’ampleur du geste et de l’expression dont bénéficient les passages lyriques que par la précipitation un peu confuse et les effets soulignés des pages rapides. Il conclut son récital, hélas perturbé par des sifflements intermittents dont l’origine doit semble-t-il être attribuée au dysfonctionnement d’un appareil auditif, avec une riche interprétation de la Septième sonate (1942) de Prokofiev: inquiétude, rage, violence, tristesse de l’Allegro inquieto, cantabile et subtilité de l’Andante caloroso, mécanique effrayante, sans surjouer ni cogner, du Precipitato final. En bis, la Sonate en sol K. 146 (1750) de Scarlatti apporte une note à la fois réjouissante et douillette.


On aurait pu rentrer chez soi déjà très satisfait, mais Tomoki Kitamura, troisième prix au Concours de Hamamatsu (2006) et cinquième prix au Concours de Sydney (2008), place la barre encore plus haut. Il ne fêtera ses dix-huit ans que le 22 avril prochain, mais en aurait-il dix ou cinquante de plus, son talent devrait tout autant être salué – et ce dans un programme remarquablement original. Le Second (1800) des Rondos de l’Opus 51 n’est en effet pas l’œuvre la plus connue de Beethoven, ni au demeurant la plus captivante: c’est ce caractère un tantinet précieux qui incite peut-être quelquefois le Japonais à adopter un ton apprêté et alangui, mais il ne prend pas le texte à rebrousse-poil comme l’avait fait son prédécesseur. Surtout, son travail sur la sonorité et la qualité de son toucher paraissent plus aboutis, ce que confirme le Troisième (en sol bémol) des quatre Impromptus de l’Opus 90 (1827) de Schubert, venant en même temps rappeler qu’il a également obtenu à Sydney le prix pour la meilleure interprétation d’une œuvre de ce compositeur.


Au lieu des cinq Esquisses de Sibelius initialement annoncées, Kitamura a choisi Une petite suite pour Noël de Crumb. Datée A.D. 1979, elle comprend sept courts mouvements, de nature majoritairement contemplative, à l’exception du cinquième, une joyeuse «Danse de la Nativité». L’inspiration religieuse rappelle bien évidemment Messiaen, ses Vingt regards sur l’Enfant-Jésus et peut-être plus encore La Nativité du Seigneur (pour orgue); le langage n’en est pas non plus très éloigné, en particulier dans les première («La Visitation») et dernière («Chant de Noël pour les cloches») pièces, qui se répondent. Comme à son habitude, quoiqu’à un degré moindre que dans ses Makrokosmos, Crumb tire de l’instrument des timbres inattendus (clavecin, harpe, pizzicati, ...) et joue des effets de résonance. Le pianiste entretient visiblement des affinités avec le climat zen de ces haïkus et investit avec beaucoup de concentration cette partition très économe de moyens, procédant par lentes répétitions tout en possédant une grande force poétique. La conclusion demeure dans le registre mystique, avec les deux Légendes (1863) de Liszt, confondantes de maîtrise et de maturité, régal de couleurs, de puissance et de clarté. Il offre en bis la transcription par Liszt (1848) de «Widmung», premier des lieder du cycle Myrthen (1840) de Schumann.


Le site de l’association «Animato»
Le site de Federico Colli



Simon Corley

 

 

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