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Voir Venise et mourir

Bruxelles
La Monnaie
01/15/2009 -  et le 16, 18*, 20, 22, 23, 24, 27, 28 et 29 janvier, 3 (Amsterdam, version de concert), 8 et 10 (Luxembourg) février 2009
Benjamin Britten: Death in Venice, opus 88
John Graham-Hall*/Ian Bostridge (Gustav von Aschenbach), Andrew Shore (Traveller, Elderly Fop, Old Gondolier, Hotel Manager, Hotel Barber, Leader of the Players, Voice of Dionysus), William Towers (Traveller, Voice of Apollo), Peter Van Hulle (Hotel Porter), Anna Dennis (Strawberry Seller, Strolling Player), Constance Novis (Lace Seller), Richard Edgar-Wilson (Glass Maker), Madeleine Shaw (Beggar Woman), Jonathan Gunthorpe (English Clerk), Benoît De Leersnyder (Restaurant Waiter), Charles Johnston (Guide in Venice), Donal Byrne (Male Strolling Player), Leon Cooke (Tadzio), Anne-Claire (Polish Mother), Joyce Henderson (Governess)
Chœurs de la Monnaie, Piers Maxim (chef des chœurs), Orchestre symphonique de la Monnaie, Paul Daniel (direction)

Deborah Warner (mise en scène), Tom Pye (décors), Chloé Obolensky (costumes), Jean Kalman (éclairages), Kim Brandstrup (chorégraphie)



(© Johan Jacobs)



A la Monnaie, les entrées au répertoire et les débuts se suivent mais ne se ressemblent pas : après Rusalka mis en scène par Stefan Herheim, Death in Venice (1973) par Deborah Warner. Venue à l’opéra non sans réticence, cette artiste de scène anglaise est une des rares femmes à s’être taillé une solide réputation dans une corporation majoritairement masculine. Avec une distribution presque entièrement renouvelée, elle reprend et paufine son travail sur le dernier opéra de Britten (contemporain du film de Visconti, tous deux inspirés de Thomas Mann), présenté à l’English National Opera en mai 2007.


La découpe, quasiment cinématographique, de l’ouvrage en brèves séquences en fondu enchaîné est une gageure mais Deborah Warner parvient à fluidifier l’action. L’absence d’action, doit-on plutôt dire, dans la mesure où l’essentiel repose sur les épaules de l’introspectif Gustav von Aschenbach, écrivain en panne d’inspiration, de son arrivée dans la Sérénissime à sa mort. Mais Warner ne néglige pas les nombreux rôles secondaires, y compris les figurants, admirablement caractérisés par une distribution sans faille, mais confie la chorégraphie (The Games of Apollo, temps fort de l’opéra et hommage à la beauté antique) à Kim Brandstrup. Avec ses décors, magnifiés par les éclairages une fois de plus exemplaires de Jean Kalman, et une apparente économie de moyens, Tom Pye suggère Venise plus qu’il ne la décrit. Parvenant à instiller angoisse – l’épidémie de choléra qui s’approche – et nostalgie dans un contexte Belle Epoque admirablement évoqué (costumes de Chloé Obolensky), cette scénographie est une des plus belles et évidentes vues à la Monnaie ces dernières années.


Pas de Death in Venice réussi sans un grand Aschenbach, omniprésent deux heures et demi durant. John Graham-Hall signe une composition véritablement superlative, y compris vocalement, et d’une absolue crédibilité. Le public réserve un triomphe pour celui qui, le temps d’un spectacle, aura été Gustav von Aschenbach, plus qu’un simple interprète. Ian Bostridge, sans doute plus attendu, et qui figurait dans la production de l’ENO, se charge de l’autre moitié des représentations. Le reste du plateau se doit d’être salué, en premier lieu Andrew Shore, excellent dans de multiples petits rôles (dont le directeur et le barbier de l’hôtel). Aucune erreur de casting pour celui, muet, de Tadzio, personnage de première importance : Leon Cooke, entre l’adolescence et l’âge adulte, véritable éphèbe, se forme actuellement à la Millenium Dance 2000 Theatre School et s’est fait connaître en interprétant plus de deux cents fois le rôle-titre de Billy Elliot, the Musical. Les chœurs de la Monnaie sont, comme à leur habitude, parfaitement préparés par Piers Maxim.


Le chef invité est lui aussi anglais : Paul Daniel et un orchestre maison en pleine forme rendent justice à la splendide partition de Britten, à la fois synthèse de son art et porte ouverte sur l’avenir. De la fosse, un flux sonore scintillant et moiré se déploie en alternant tension, puissance et tendresse. Bref, cette production est à voir absolument, toutes affaires cessantes.





Sébastien Foucart

 

 

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