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Elias dans sa gloire

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
01/10/2009 -  et 11 janvier 2009
Felix Mendelssohn : Elias, opus 70
Alastair Miles (Elias), Malin Byström (soprano), Iris Vermillion (mezzo-soprano), Werner Güra (ténor), Dorothée Lorthiois (soprano), Khatouna Gadelia (soprano), Sophie Pondjiclis (mezzo-soprano), Blandine Staskiewicz (mezzo-soprano), Stanislas de Barbeyrac (ténor), Paolo Fanale (ténor), Thomas Dolié (baryton), Nahuel Di Pierro (basse), Victor Wetzel*/Marc Nédélec (enfant de la Maîtrise)
Maîtrise de Radio France, Chœur de Radio France, Orchestre national de France, Kurt Masur (direction)


K. Masur (© Radio France/Christophe Abramowitz)


Mendelssohn et Masur, c’est un peu une équation. Successeur lointain du compositeur à la tête du Gewandhaus de Lepizig pendant vingt-six ans, le Kapellmeister a toujours entretenu avec le compositeur du Songe d’une nuit d’été une relation privilégiée, au concert ou au disque. S’il dirige évidemment ses symphonies, il affectionne également ses oratorios, notamment cet Elias, dont il a gravé un enregistrement (Teldec) et qu’il avait déjà donné avec l’Orchestre national en 2003, dans le cadre d’un cycle Mendelssohn. Autant dire qu’on n’avait guère de doute sur la qualité de l’exécution de ce second grand oratorio du maître, proposé ici dans sa version allemande de 1847.


Le risque existe, pourtant, de figer cette grande fresque néo-haendelienne où les principaux personnages ont droit à des airs qui sentent la scène plus que l’église : certains y ont même vu une sorte d’opéra ne voulant pas dire son nom. Kurt Masur, justement, ne tombe jamais dans le piège du monumental, dirigeant plutôt en chef de théâtre qui, du début à la fin, imprime à l’œuvre une tension jamais relâchée, à la tête d’un orchestre et d’un chœur visiblement ravis de le retrouver – le second, en particulier, superbement préparé par Michael Gläser, a témoigné d’une homogénéité et parfois d’un raffinement assez exceptionnels. Le chef trouve l’équilibre si difficile à réaliser ici entre une transparence héritée du classicisme du siècle précédent et la puissance de l’épopée biblique, aussi aérien dans le chœur « Siehe der Hüter Israels » qu’il est jubilatoire dans la fugue chorale finale. C’est du grand Masur.


Les solistes convainquent moins. Remplaçant Ludovic Tézier, Alastair Miles, l’Elias de l’enregistrement Teldec, campe un prophète de haute stature, terrible ou abattu. Ce familier de l’oratorio haendélien peut assumer sans peine les vocalises de « Ist nicht des Herren Wort », émouvoir dans un « Es ist genug » au phrasé irréprochable. Mais il faut toujours, avec lui, passer sur un timbre charbonneux et une émission passablement engorgée. Après un début instable, Werner Güra trouve progressivement ses marques, jusqu’à un « Dann werden die Gerechten leuchten » assez réussi à la fin. Malin Byström, elle, souffre d’une fâcheuse distorsion de la tessiture, avec un médium bien pâle et un aigu parfois dur là où l’on attend une voix d’ange, ce qui dessert ses interventions, à commencer par le « Höre, Israel » inaugurant la seconde partie et écrit – en vain - pour le célèbre « rossignol suédois Jenny Lind ». On lui préfère, malgré un timbre un peu acidifié aujourd’hui, le mezzo homogène d’Iris Vermillion, altière et violente comme une Ortrud dans les invectives de la reine Jézabel, mais très recueillie dans ses deux airs. Et l’on n’oubliera pas les autres solistes, excellents, qui n’ont nullement fait pâle figure par rapport à leurs aînés et dont deux, Stanislas de Barbeyrac et Nahuel de Pierro, trouvent cette saison toute leur place au sein de l’Atelier lyrique de l’Opéra de Paris. Le double Quatuor « Denn er hat seinen Engeln » a ainsi constitué l’un des meilleurs moments du concert.


Beau coup d’envoi pour l’année Mendelssohn, né en 1809, l’année de la mort de Haydn.



Didier van Moere

 

 

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