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Gameu gaga Paris La Péniche Opéra 01/10/2009 - et 11, 12*, 14, 17, 18, 25 janvier, 1er, 8 février, 8, 22 mars, 8 (Chartrettes), 9, 10, 11, 13, 14, 15 (Paris), 18 (Charleville-Mézières), 20 (Compiègne), 22 (Paris), 24 (Lambersart), 29 novembre, 6 (Paris), 8 (Reims), 13 (Paris), 20 (Villefranche-de-Rouergue) décembre 2009, 24 (Paris), 29, 30 (Fontainebleau) janvier, 4, 5 (Reims), 7 (Paris), 16 (Mont-de-Marsan), 21 février, 4 (Paris), 10 (Saint-Fargeau-Ponthierry), 17 (Vernou-La Celle) avril, 9, 23 mai (Paris) 2010 Erik Satie: La Diva de l’Empire – Sports et Divertissements
Denis Chouillet : Les Shadoks et la cosmopompe (création)
Francis Poulenc : Histoire de Babar le petit éléphant, FP 129
Edwige Bourdy (soprano), Christophe Maynard (piano)
Mireille Larroche (mise en scène), Marie Girardin (marionnettiste), Damien Schoëvaërt-Brossault (création des objets et livre pop up)
(© Damien Schoëvaërt-Brossault)
Morose, ce début d’année 2009? Pas à bord de la péniche Adélaïde, amarrée quai de la Loire, sur le canal de l’Ourcq, et encore prise dans les glaces, qui présente le spectacle «Shadoks et Compagnie... en musique!».
La Péniche Opéra et Musique nouvelle en liberté ont en effet commandé à Denis Chouillet un «opéra», Les Shadoks et la cosmopompe. Bien qu’avouant avoir connu jusqu’ici les créatures de Jacques Rouxel (1931-2004) «de réputation seulement», le compositeur, né l’année de leur première apparition dans les étranges lucarnes, s’est approprié sans la moindre difficulté, et même avec un plaisir contagieux, les textes et leur univers à la logique délirante et perverse, pour en tirer un «gabuzomeulodrame pour chanteuse récitante et pianiste multi-fonctions». Tous ceux qui ne recevaient pas l’ORTF entre 1968 et 1972 apprendront dans ce «premier épisode» que si les Shadoks pompent, c’est simplement pour récupérer le cosmogol 999, carburant que les Gibis extraient de l’atmosphère.
«Premier épisode», on l’espère, car le spectateur reste sur un intense sentiment de frustration, dans l’attente de la suite de leurs aventures. Toujours alerte et persifleuse, la musique rend parfaitement compte de ces mécaniques détraquées mais aussi de cet esprit frondeur, entre citations (Chopin, R. Strauss) et pastiches (Messiaen). En langue shadok enseignée ici avec une verve entraînante, des ga-meu ga-ga (mais pas zo-zo) qui ont trouvé les interprètes idoines: sans adopter le ton docte et pontifiant du regretté Claude Piéplu, Edwige Bourdy mime, chante, danse et raconte avec conviction, accompagnée par Christophe Maynard entouré de son «orchestre» (piano à queue, piano-jouet, boîte à meuh, boîte à cui-cui, mirliton, synthétiseur), renforcé par quelques sons évocateurs diffusés par haut-parleurs.
On trouvera sans doute davantage de poésie, mais pas moins de rosserie, dans les deux œuvres qui entourent cette réjouissante création. Sports et Divertissements (1914) de Satie, précédé de La Diva de l’Empire (1904), «intermezzo américain», offre sa succession surréaliste avant l’heure de vingt vignettes aussi courtes qu’inattendues («Le Water-chute» [tobbogan aquatique], «La Pieuvre»), introduites par un «Choral inappétissant». Texte et musique sont agrémentés d’une ingénieuse présentation, une boîte en forme de grande maison de poupées révélant au fur et à mesure, sous les doigts experts de la marionnettiste Marie Girardin, de délicieuses petite planches, illustrées, pliées et découpées avec art par Damien Schoëvaërt-Brossault, dans l’esprit du théâtre d’ombres de ces années 1900.
Celui-ci a conçu pour Histoire de Babar le petit éléphant (1940-1945) de Poulenc, si l’on veut rester dans des anglicismes à la Satie, un grand pop up book, à savoir un livre animé en relief que déplie au fur et mesure Marie Girardin. Retour dans une tendre enfance après les sarcasmes des Shadoks et d’Erik? Rien de tel, car non seulement le graphisme ne tente pas d’imiter celui de Jean de Brunhoff, le «père» de Babar, mais Edwige Bourdy, loin de toute mièvrerie, s’ingénie à souligner le second degré du récit.
Simon Corley
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