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Rattle fourvoyé

Paris
Théâtre des Champs-Elysées
12/22/2008 -  
Hector Berlioz : Ouverture des Francs-Juges op. 3
Robert Schumann : Symphonie n°4 en ré mineur (version de 1841) – Symphonie n°3 en mi bémol majeur op. 97 « Rhénane »

Orchestra of the Age of Enlightenment, Sir Simon Rattle (direction)


Simon Rattle (© Peter Adamik/EMI)


Son mariage avec la Philharmonie de Berlin n’empêche pas sir Simon Rattle d’entretenir sa liaison avec l’Orchestre de l’Age des Lumières. Après Le Paradis et la Péri, donné dans le même lieu la saison passée, ils retrouvent Schumann, que précède Berlioz. La sonorité assez verte de l’orchestre convient à l’Ouverture des Francs-Juges, où le jeune compositeur montre ce qu’il doit encore à Weber – entre autres. Les cuivres n’étouffent pas les cordes et le chef britannique, très analytique, met beaucoup d’air dans son orchestre, évite d’aller au-delà du premier romantisme, met remarquablement en valeur les lignes, avec un superbe éventail dynamique.


Schumann, en revanche, ne semble pas son élément. Le choix, pour la Quatrième Symphonie, de la version de 1841 plutôt que de celle, plus connue, de 1851, était a priori judicieux, tant la direction allège les textures. Mais elle ne réussit pas à structurer le premier mouvement, très décousu, la Romance est aride et peu contrastée, le Finale manque de souffle, à commencer par le crescendo assurant la transition avec le Scherzo, alors que Schumann appelle à la fois un architecte et un interprète inspiré. Pour la « Rhénane » se pose une autre question : celle de l’adéquation de l’orchestre, qui sonne ici vraiment trop sec malgré l’excellence des musiciens, parfois quasi décharné, et ne rend guère justice à la générosité de la musique. Le Lebhaft a beau aussi témoigner d’une belle énergie, il manque de soutien, les phrases donnant l’impression de ne pas toujours aller jusqu’à leur terme, parfois compromises par la brutalité des accents. Les deux mouvements suivants, en revanche, satisfont davantage : la baguette s’assouplit, la direction s’arrondit, à l’aise dans ces structures plus libres qui s’accommodent bien mieux de la plasticité analytique de la lecture. Le Feierlich, au contraire, y perd de sa densité et de sa tension, tandis que le Finale souffre des mêmes défauts que le mouvement initial dont il est le pendant, le chef ne parvenant pas, malgré les apparences, à l’animer de l’intérieur. Décidément, ce Schumann n’a pas d’âme et a peu à voir avec le romantisme des profondeurs. En admettant qu’il faille faire table rase d’un siècle et demi d’histoire de l’interprétation, on peut évidemment évoquer l’authenticité, mais on préfère, dans le genre, un Gardiner.

Sir Simon aurait-il dirigé ainsi ses Berlinois ? De toute façon, depuis quelque temps, certains enregistrements, certains concerts suscitent parfois le scepticisme, même si le Siegfried aixois a rassuré : est-ce le répertoire ? est-ce l’évolution du chef, jadis si inventif ? Y aurait-il un problème Rattle ?


Le site de l’Orchestre de l’Age des Lumières
Le site de Simon Rattle



Didier van Moere

 

 

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