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Risque zéro Paris Théâtre des Champs-Elysées 12/13/2008 - Francis Poulenc : Sonate pour violon et piano
Serge Prokofiev : Sonate pour violon et piano n° 2, opus 94a
Johannes Brahms : Sonate pour violon et piano n° 3, opus 108
Maurice Ravel : Tzigane
Arabella Steinbacher (violon), Robert Kulek (piano)
L’aura d’Anne-Sophie Mutter n’a heureusement pas empêché d’autres femmes violonistes de se faire un nom outre-Rhin, comme Isabelle Faust ou Julia Fischer. Cette dernière s’est imposée sur la scène internationale plus tôt qu’Arabella Steinbacher, également née à Munich, mais qui, plus âgée de seize mois, a bénéficié des conseils de Mutter. Si elle s’est déjà produite en France (voir ici) et même à Saint-Denis la saison dernière, c’était ici, grâce aux «Grands Solistes» au Théâtre des Champs-Elysées, la première occasion de l’entendre en récital à Paris, quelques jours après une prestation remarquée à Genève dans le Concerto de Berg (voir ici).
Elle vient d’enregistrer pour Orfeo un disque comprenant la Sonate (1943/1949) de Poulenc, rare et malaimée, y compris du compositeur lui-même. Assurance et précision, mordant et justesse, elle s’impose sans faire basculer cet in memoriam García Lorca dans une langueur excessive. Le rapprochement avec la Seconde sonate (1943/1944) de Prokofiev, au-delà de sa pertinence chronologique, se justifie aussi par une parenté stylistique et la jeune Allemande s’y montre tout aussi impériale. Revers de la médaille, s’il est sans doute injuste et excessif de parler de froideur ou de fadeur, le frisson et la spontanéité ne sont cependant guère au rendez-vous.
Après cette première partie originale mais pas nécessairement très significative, le déclic allait-il se produire après l’entracte dans la Troisième sonate (1888) de Brahms? Le pianiste Robert Kulek sort quelque peu de sa réserve, au demeurant pas toujours à bon escient, mais la violoniste reste sur son quant-à-soi: une sonorité toujours aussi confortable, pas de faute de goût (Adagio d’une belle simplicité), pas même de manque d’engagement (Presto agitato), mais un refus de tout risque interprétatif qui prive l’œuvre de sa passion comme de ses demi-teintes. Puissant et rugueux mais souffrant de quelques glissades trop appuyées, Tzigane (1924) de Ravel conclut sur une impression techniquement un peu moins satisfaisante.
Remerciant un public dont le comportement, entre toux et applaudissements intempestifs, s’est pourtant révélé particulièrement odieux, les musiciens offrent en bis l’arrangement par Heifetz d’Estrellita (1912) de Ponce.
Le site d’Arabella Steinbacher
Simon Corley
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