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Etapes nordiques

Tournai
Musée de la tapisserie
11/30/2008 -  
Aulis Sallinen : Quatuor à cordes n°3, opus 19
André Caplet : Conte fantastique
Carl Nielsen : Quatuor à cordes n°3, opus 14

Sophie Hallynck (harpe), Quatuor Kryptos : Hanna Drzewiecka, Elisabeth Wybou (violon), Vincent Heppe (alto), Antony Gröger (violoncelle)




Quatuor Kryptos (© D.R.)



Après les grands quatuors franco-wallons la saison dernière, le centre de gravité des « Voix intimes » de Tournai se déplace vers le nord de l’Europe, avec Nielsen, Sibelius et Grieg. Depuis sa création, le festival du quatuor à cordes de l’association Proquartetto assoit son ancrage européen avec une programmation ouverte et admirablement conçue. La septième édition n’oublie pas pour autant Mozart, Beethoven, Schubert ainsi que deux jubilaires de 2009 : Haydn, pour le bicentenaire de sa mort, et Mendelssohn, pour celui de sa naissance. La liste des formations invitées jusqu’au 28 mai illustre le rayonnement tant régional (Quatuor Scaldis dont l’altiste n’est autre que Dominique Huybrechts, président et directeur artistique) et national (Brussels String Quartet) qu’international (Quatuors Artemis et Fine Arts) de ce festival, un des plus intéressants de Wallonie.


Fondé en 2002, deuxième prix cette année au Concours Chostakovitch de Moscou, le Quatuor Kryptos, constitué de trois musiciens originaires de Belgique et d’une de Pologne, inaugure cette série de cinq concerts avec un programme d’une louable originalité, a priori peu vendeur mais qui n’a pas pour autant intimidé un public venu (relativement) nombreux. La Finlande est représentée par Aulis Sallinen (né en 1935) et son Troisième Quatuor à cordes (1969), partition d’une quinzaine de minutes aux sonorités par moments étranges et s’autorisant quelques dissonances qui ne furent probablement pas du goût de tous. Le jeu franc et l’engagement palpable des musiciens constituent sans doute ce qui convient le mieux à cette musique dont l’impact physique est renforcé par les modestes dimensions de l’auditorium du Musée de la tapisserie.


Petite incursion en France avec André Caplet dont il serait bon de redécouvrir les œuvres. Le Conte fantastique, composé en 1908 et retravaillé en 1923 pour harpe et quatuor à cordes, se situe au sommet de son catalogue de chambre. Sophie Hallynck cite au préalable le fragment du Masque de la mort rouge (en fait, la peste) d’Edgar Poe placé en exergue de la partition, initiative utile afin de prendre pleinement conscience du propos tragique et de l’atmosphère angoissante de cette composition. Cet aspect est brillamment défendu par les Kryptos qui semblent se jouer des audaces instrumentales imaginées par Caplet. A la harpe, l’excellente (et gracieuse) Sophie Hallynck révèle le potentiel expressif insoupçonné de son instrument.


Après la pause, retour à la thématique de cette édition avec le Danois Carl Nielsen, lui aussi victime d’un coupable « oubli » des institutions musicales. Le Troisième Quatuor (1897-1898) bénéficie d’une lecture directe, concentrée, solidement charpentée et d’un niveau technique remarquable mais, sur ce point, davantage probant à titre collectif qu’individuel. Si les Kryptos laissent passer quelques impuretés, les échanges s’effectuent avec naturel, bien que Hanna Drzewiecka au premier violon impose une personnalité écrasante. Davantage de dépouillement, de délié et de rondeur dans les sonorités, et cela eût été parfait.


Le public réserve de chaleureux applaudissements à un ensemble somme toute prometteur et manifestement attaché à un répertoire rare, comme le montre une précédente prestation. Le bis, avec Sophie Hallynck, est judicieusement choisi dans la mesure où les Danses sacrée et profane de Debussy, dont seule a été jouée la seconde, sont marquées par la figure de Gustave Lyon, qui mit au point la harpe chromatique Pleyel, l’instrument pour lequel fut initialement composé le Conte de Caplet.


Le prochain concert se tiendra le 18 janvier à 16 heures au Conservatoire de Musique. Le Brussels String Quartet interprètera notamment le Quatuor « Voces Intimae » de Sibelius dont le sous-titre est à l’origine du nom du festival, organisé par des passionnés pour des passionnés.


Le site du Quatuor Kryptos
Le site du festival « Voix intimes »




Sébastien Foucart

 

 

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