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Sombre

Paris
Salle Pleyel
11/23/2008 -  et 21 (Maisons-Alfort), 22 (Enghien-les-Bains) novembre 2008
Dimitri Chostakovitch : Concerto pour violon n° 1, opus 77/99
Piotr Ilyitch Tchaïkovski : Symphonie n° 6 «Pathétique», opus 74

Yossif Ivanov (violon)
Orchestre national d’Ile-de-France, Yoel Levi (direction)


Yossif Ivanov (© Alvaro Yañez)


Programme russe, et de couleur sombre, pour l’Orchestre national d’Ile-de-France et son chef principal, Yoel Levi, à l’image d’une après-midi froide et pluvieuse à ne pas mettre un mélomane dehors.


Les années sombres du stalinisme, d’abord, avec le Premier concerto pour violon (1948) de Chostakovitch. Occasion d’entendre Yossif Ivanov, vingt-deux ans, deuxième prix et prix du public au Concours Reine Elisabeth (2005) – le premier prix n’était autre que Sergey Khachatryan, qui, précisément, avait joué ce concerto en finale... Car après un récital donné au Louvre (voir ici) et deux disques parus chez Ambroisie (voir ici et ici), c’est la première fois qu’il se produisait avec orchestre à Paris.


Dans un concert de toux, le violoniste anversois fait valoir des moyens très sûrs, tels ces aigus aussi précis que parfaitement timbrés, et une sonorité à la fois pure et puissante. Malgré quelques portamenti appuyés, il adopte dans le Nocturne une certaine retenue expressive; il ne l’abandonne pas dans le Scherzo, qu’on peut concevoir plus féroce et grotesque. La générosité prend le dessus dans la Passacaille, suivie d’une cadence et d’une Burlesque dont il déjoue tous les pièges. Faut-il offrir un bis après une œuvre physiquement aussi exigeante? On ne lui en voudra donc pas d’avoir voulu remercier les spectateurs de façon quelque peu expéditive avec «Les Furies», dernier mouvement de la Deuxième sonate (1924) d’Ysaÿe.


Tout aussi sombre, la Sixième symphonie «Pathétique» (1893) témoigne quant à elle des derniers moments de la vie Tchaïkovski. On sait depuis peu que Yoel Levi – qui, comme à son habitude, a accompagné par cœur (et remarquablement) le concerto – est reconduit dans ses fonctions franciliennes jusqu’en 2012. Excellente nouvelle, non seulement parce qu’il demeure visiblement apprécié des musiciens, mais aussi parce qu’il va pouvoir poursuivre un travail dont se ressent déjà la prestation de l’orchestre: ses qualités individuelles et sa cohésion d’ensemble tiennent en effet la dragée haute à bon nombre de phalanges de la capitale.


Dans cette Pathétique aux exigences redoutables, tant expressivement que techniquement, le chef parvient à conserver une relative sobriété, sans que sa direction paraisse fade à quelque moment que ce soit, ce dont témoigne sa façon de déclencher d’impressionnants déferlements sonores. Les mouvements centraux paraissent certes légèrement en retrait – Allegro con grazia un peu lent et sérieux, Allegro molto vivace qui, malgré le tintamarre de la grosse caisse, ne va pas jusqu’au cauchemar, de même qu’en bis, une Polonaise du troisième acte d’Eugène Onéguine (1878) assez trapue. Mais comment ne pas apprécier dans cette musique la tenue impeccable, le refus des facilités et du sentimentalisme larmoyant dont fait preuve Yoel Levi? Dès le 28 novembre, toujours salle Pleyel, ce sera à Leonard Slatkin et à l’Orchestre philharmonique de Radio France de montrer qu’ils peuvent faire aussi bien.



Simon Corley

 

 

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