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L’esprit d’Ansermet

Geneva
Victoria Hall
11/19/2008 -  
Anton Webern: Im Sommerwind
Peter Eötvös: Lévitation, Concerto pour deux clarinettes, orchestre à cordes et accordéon
Igor Stravinsky: L’Oiseau de Feu

Sabine Meyer, Wolfgang Meyer (clarinettes)
Orchestre de la Suisse Romande, Susanna Mälkki (direction)


Susanna Mälkki (© Tanja Ahola)


Igor Stravinsky a souvent expliqué qu’il ne fallait pas interpréter sa musique mais la jouer avec le plus de fidélité possible. Stravinsky ainsi qu’Ernest Ansermet, fondateur de l’Orchestre de la Suisse Romande, auraient adoré la lecture de L’Oiseau de Feu qu’en a donné Susanne Mälkki avec l’OSR. Pas d’alanguissement dans la berceuse de l’oiseau ni de dramaturgie tapageuse dans les danses de Kastchei, juste une exécution d’une discipline orchestrale impeccable. Ce que les musiciens suisses peuvent manquer de couleur strictement russes, la patronne de l’Ensemble Intercontemporain le compense par une autorité, une rigueur et une cohésion remarquables, galvanisant un orchestre dans une très grande forme.


On pouvait espérer en première partie qu’Im Sommerwind soit à Webern ce qu’est Das Klagende Lied pour Mahler, une œuvre de jeunesse refoulée dans l’inconscient et les archives du compositeur dans lesquels se devine le style à venir. Elle commence avec une série d’arpèges aux contrebasses inspirés de L’Or du Rhin de Richard Wagner avant que plusieurs interventions de la flûte ne rappellent le Richard Strauss de Mort et Transfiguration et que les nombreux solos de violons évoquent plutôt une orchestration à la Dukas. Agréable à l’oreille par moments, cette pièce souffre cependant d’un manque d’architecture et de continuité et ne permet vraiment pas d’anticiper le style, la fulgurance, la sonorité et la concentration des futures pièces de Webern.


Inspirée des personnages sans pesanteur des tableaux de Marc Chagall, Lévitation de Peter Eötvös est d’une incroyable exigence pour les musiciens. Les cordes jouent dans les registres extrêmes dans des volutes proches de l’esprit d’un Ligeti (avec les pauvres contrebasses jouant suraigu tandis que l’accordéon qui les accompagne n’a qu’à appuyer sur une simple touche …) tandis que la présence de deux clarinettes demande une mise en place et une rigueur rythmique implacables. Au-delà de la prouesse que représente ce challenge, il y a par moments une beauté et une force du son en particulier dans les duos des deux solistes dans des passages à l’unisson.


L’effectif de Lévitation est plus petit que pour le Webern et le Stravinsky. Fait inhabituel, on retrouve les musiciens de l’orchestre qui ne jouent pas qui viennent écouter dans la salle l’œuvre avec le public. Voici une curiosité de la part des musiciens qui est remarquable et plus rare que l’on peut le croire. Décidément, Stravinsky et Ansermet auraient adoré.



Antoine Leboyer

 

 

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