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Jeunes, encore jeune, jeune toujours Paris Salle Pleyel 11/11/2008 - Johannes Brahms : Concerto pour piano n° 2, opus 83
Antonín Dvorák : Symphonie n° 8, opus 88, B. 163
Cédric Tiberghien (piano)
Orchestre du Conservatoire de Paris, Yutaka Sado (direction)
Yutaka Sado
Jeunes, ils le sont bien sûr, les musiciens de l’Orchestre du Conservatoire de Paris, qui se produisent plusieurs fois chaque saison dans la capitale devant un large public: autant d’occasions à saisir, car la qualité et la concentration n’attendent point le nombre des années, tant s’en faut, et s’y joint une envie de jouer avec laquelle peu d’ensembles professionnels peuvent rivaliser.
Jeune, il l’est encore, Cédric Tiberghien, qui, à trente-trois ans, fait tout juste figure de grand frère devant ses camarades pour donner le Second concerto (1881) de Brahms. S’il n’en déjoue pas toujours les embûches et n’évite pas ici ou là des décalages avec l’orchestre, il n’en fait pas moins valoir un jeu à la fois articulé et profond, clair et puissant, éloquent au point d’être parfois trop démonstratif.
Jeune, il le sera toujours, Yutaka Sado, même si, à quarante-sept ans, il fait figure de vétéran sur la scène de Pleyel. Déjà volontiers primesautier et juvénile dans Brahms, il trouve dans la fraîche Huitième symphonie (1889) de Dvorák un exutoire à sa générosité naturelle, qui était aussi celle de son maître Leonard Bernstein. Une spontanéité et un engagement qui, sans être pleinement idiomatiques, demeurent toutefois fidèles à l’esprit de cette œuvre lumineuse et enthousiaste, tout en le conduisant parfois à exagérer les contrastes, la dramatisation ou la mise en valeur de certains détails. Le chef japonais ne fonctionne cependant pas uniquement à l’énergie et à la fougue, mais sait délivrer des instants de grâce, comme ce troisième mouvement aérien, qui chante et respire idéalement. L’orchestre est mis à rude épreuve par cette direction débridée, mais, comme libéré des contraintes de l’accompagnement, il semble avoir acquis en assurance, les différents pupitres livrant des prestations remarquables et, malgré des timbales excessivement mises en avant, la cohésion d’ensemble paraissant meilleure qu’en première partie.
Le site de Cédric Tiberghien
Simon Corley
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