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Profane ou sacré ?

Bruxelles
Bozar, Salle Henry Le Bœuf
10/31/2008 -  et les 2* et 4 novembre 2008
Giuseppe Verdi : Messa da Requiem
Marina Poplavskaya (soprano), Anna Larsson (alto), Fabio Sartori (ténor), Carlo Colombara (basse)
Koor van de Vlaamse Opera, Chœurs de la Monnaie, Martino Faggiani (chef des chœurs), Orchestre symphonique de la Monnaie, Mark Wigglesworth (direction)


Un requiem par an pour la Toussaint. Peter de Caluwe, aux commandes de la Monnaie depuis 2007, tient ses promesses : après celui, inachevé, de Mozart, la Messa da Requiem (1874), hommage de Verdi à Alessandro Manzoni, chantre du romantisme italien. George Bernard Shaw n’est décidément pas avare de bons mots, lui qui voit en ce monument le plus grand opéra de Verdi.


C’est bien ainsi que le dirige Mark Wigglesworth, privé de son poste de directeur musical de l’Orchestre symphonique de la Monnaie. Rien de surprenant, au demeurant, compte tenu des accents profanes de cette Messa da Requiem. D’ailleurs, Verdi n’était-il pas agnostique, en tout cas anticlérical notoire ? Par contre, l’erreur consisterait à occulter totalement son caractère sacré : le chef britannique n’oublie heureusement pas ce que cette musique comporte de ferveur et de recueillement. Cela dit, quand l’Orchestre et les Chœurs de la Monnaie, renforcés par celui du Vlaamse Opera, entonnent le toujours aussi efficace Dies irae, l’église laisse place au théâtre et les murs de la Salle Henry Le Bœuf ne manquent pas de trembler. Et quand les dernières mesures du Libera me s’éteignent, impossible de ne pas ressentir un fort sentiment d’unité, ce qu’apporte d’ailleurs la remarquable construction de l’ouvrage. Qu’il soit toutefois permis de se montrer davantage impressionné que touché.


Le quatuor soliste participe de cette conception. Aucun ne supplante l’autre et tous dispensent de beaux moments de chant, Anna Larsson paraissant toutefois plus en retrait. A Marina Poplavskaya (son timbre de soprano sera affaire de goût) la palme de l’implication : ses interventions, yeux levés au ciel, mains jointes, témoignent d’un authentique tempérament dramatique. Du côté de ces messieurs, Carlo Colombara séduit par ses graves profonds, Fabio Sartori, ténor solide, par sa présence et sa projection. Mais cette distribution fonctionne moins à titre collectif qu’individuel.


Instrumentalement, l’Orchestre symphonique de la Monnaie, discipliné et généreux, reste fidèle à sa réputation. Wigglesworth, souvent fâché avec les nuances dans la fosse, prend soin de diversifier sa palette dynamique – pour preuve, l’entrée tout en douceur des cordes dans l’Introït – et harmonise sans faillir les forces en présence. Mais les forte restent son péché mignon, et il ne s’en prive pas. Tout aussi puissants et engagés, les chœurs, dirigés pour l’occasion par Martino Faggiani, engrangent bien des points à l’applaudimètre et ce n’est que justice : leur compacité et leur densité ne compromettent pas la musicalité.


Quel requiem pour l’année prochaine ? Parmi les valeurs sûres, ceux de Fauré ou de Brahms offrent un tout autre visage, plus serein et réconfortant, et se présenteraient en successeurs parfaits après les déferlements dantesques de Verdi. Pour l’heure, retrouvons l’orchestre au Bozar le 16 novembre avec Carlo Rizzi dans un programme original : ce n’est en effet pas tous les jours que la Première Symphonie «Rêves d’hiver» de Tchaïkovsky apparaît à l’affiche.



Sébastien Foucart

 

 

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