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Brahms, Bartók ou la tradition perpétuée

Paris
Theâtre des Champs-Elysées
10/23/2008 -  
Johannes Brahms : Ouverture académique, op. 80 – Symphonie n° 2 en ré majeur, op. 73
Béla Bartók : Concerto pour piano n° 2, sz. 95

Deszö Ranki (piano)
Orchestre National de France, Daniele Gatti (direction)


D. Gatti (© Silvia Lelli)


Brahms et Bartók : un attelage inattendu, malgré les Danses hongroises du premier. Mais Daniele Gatti rappelle que tous deux reconnaissent une même dette envers la grande tradition. Le Deuxième Concerto pour piano de Bartók, pour être moderne par l’écriture pianistique, volontiers percussive – on y retrouve bien le compositeur de l’Allegro barbaro -, ou les combinaisons de timbre, sans parler des dissonances dans le langage, n’en renoue pas moins avec la grande tradition du concerto classique.


Le directeur du National met en exergue toute la nouveauté de l’œuvre, ses fureurs dionysiaques, rapprochant la partition du Mandarin merveilleux, en particulier dans le premier mouvement, où les vents et les percussions s’avèrent excellents. Il trouve en Deszö Ranki, qui mène une carrière plus discrète que son ancien complice Zoltán Kocsis, un partenaire d’exception : si le jeu est percussif, il n’est jamais dur, avec une sorte de légèreté dans la sauvagerie virtuose ; le pianiste respecte les nuances, trouve des couleurs, joue ce Bartók comme du Bach, avec une clarté de lignes que l’on remarque chez trop peu d’interprètes, faisant du compositeur hongrois un héritier du Cantor. Avant la transe du finale, le mouvement lent confirme cette filiation, qui donne l’occasion d’admirer le travail déjà accompli par le chef avec les cordes de son orchestre : il en obtient des pianissimi diaphanes, extatiques, dont on se trouve heureusement surpris. En bis, Deszö Ranki joue le Csardas obstiné de Liszt non seulement avec une maestria éblouissante, mais en gardant surtout un sens des rythmes, des couleurs et des nuances qui en font une vision fantastique beaucoup plus qu’une démonstration.


La Deuxième Symphonie de Brahms met en lumière tout ce que l’Ouverture académique, donnée en introduction, laissait présager sans convaincre totalement, puissante, énergique, pas vraiment jubilatoire néanmoins. Toujours adepte de tempos amples, Daniele Gatti conduit l’œuvre en architecte ; il la tend du début à la fin, enchaîne directement l’Adagio et le Scherzo, le si initial des hautbois et des clarinettes du Scherzo prolongeant le si majeur de l’Adagio, ce qui crée un nouveau rapport – somme toute assez… bartokien - entre les deux mouvements extrêmes. L’attention à la structure va de pair avec une générosité du geste, une recherche de pâte sonore, d’opulence parfois quasi straussienne aussi, ce qui peut surprendre s’agissant de Brahms, aujourd’hui surtout. Il n’est pas sûr d’ailleurs que le chef obtienne ici exactement ce qu’il veut d’un orchestre moins à l’aise que dans Bartók.



Didier van Moere

 

 

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