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Un vrai chef pour Rigoletto

Paris
Opéra Bastille
09/24/2008 -  et 26, 29 septembre, 2, 7, 10*, 14, 20, 22, 24, 28 & 31 octobre
Giuseppe Verdi : Rigoletto
Stefano Secco (le Duc de Mantoue), Juan Pons*/Ambroggio Maestri (Rigoletto), Ekaterina Syurina (Gilda), Kristinn Sigmundsson (Sparafucile), Varduhi Agrahamyan (Maddalena), Cornelia Oncioiu (Giovanna), Carlo Cigni (le Comte de Monterone), Igor Gnidii (Marullo), Jason Bridges (Matteo Borsa), Yuri Kissin (le Comte de Ceprano), Claudia Galli (la Comtesse), Anna Wall (le Page de la Duchesse), Jian-Hong Zhao (l’Huissier)
Chœurs et Orchestre de l’Opéra national de Paris, Daniel Oren (direction)
Jérôme Savary (mise en scène)


(© E. Mahoudeau/ Opéra national de Paris)



La production – de 1996 – est connue, avec cette mise en scène passe-partout de Jérôme Savary, ni indigne ni mémorable. Fallait-il reprendre ce Rigoletto pour la énième fois ? Le public l’a apprécié et l’on peut imaginer une alternance entre la tradition et la nouveauté, non sans souligner qu’il existe un espace entre le premier degré de convention et le jeu de massacre. Cela dit, l’absence de direction d’acteurs se fait parfois cruellement sentir, créant un vide sidéral dans « Cortigliani, vil razza », où l’interprète semble se demander ce qu’il doit faire.


De telles reprises doivent être soutenues par de grands chanteurs, ce qui n’a pas été totalement le cas. Le vétéran Juan Pons, toujours plus solide que raffiné, assure encore, avec de beaux accents et sans outrance, pas un modèle de legato belcantiste cependant. Voix claire, à l’émission haute, au vibrato un rien serré, au aigus très sûrs, Stefano Secco, assez peu crédible scéniquement en latin lover, a plus les moyens du Duc de Mantoue que ceux de Don Carlos ; on peut rêver toutefois chant plus raffiné et composition plus fouillée. La jeune Ekaterina Syurina domine ainsi la distribution : on se laisse séduire par ce timbre fruité, ces jolies nuances, cette belle ligne de chant, cette interprétation émouvante, non sans regretter qu’il n’y ait pas davantage de couleurs dans l’esprit du bel canto. Si le Sparafucile grisâtre de Kristinn Sigmundson convainc peu, Cornelia Onicioiu donne une vraie présence à Maddalena, notamment dans le Quatuor où tout se trouve souvent sacrifié à Gilda et au Duc.


Rien de plus, donc, qu’une honorable reprise ? Non, grâce à la direction de Daniel Oren, qui, après un premier tableau où les décalages gênent – tandis que, sur scène, la banda joue dans le désordre –, propose une lecture d’une grande subtilité, où sont restitués des détails et des nuances souvent oubliés – on perçoit, pour une fois, tout l’éventail dynamique. La partie de cordes dans le duo entre Rigoletto et Sparafucile, souvent plate, est magnifique. Le
« Cortigliani, vil razza » démarre sur une véritable trombe orchestrale, pourtant remarquablement maîtrisée et jamais bruyante. Et le dernier acte, où l’instrumentation de Verdi révèle une si grande invention, témoigne à la fois d’un sens dramatique aigu et d’un art de la coloration remarquable. La tragédie, alors, se dénoue aussi – surtout – dans la fosse.



Didier van Moere

 

 

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