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Un talent qui ne demande qu’à mûrir

Paris
Auditorium du Louvre
10/01/2008 -  
Ludwig van Beethoven : Sonates n° 8, opus 13 «Pathétique», et n° 18, opus 31 n° 1
Robert Schumann : Etudes symphoniques, opus 13

Lise de la Salle (piano)


Lise de la Salle (© Stéphane Gallois/Naïve)



Lise de la Salle a attiré un public nombreux pour le deuxième concert de la saison 2008-2009 de l’Auditorium du Louvre, qui s’annonce riche en ensembles (Intercontemporain, Orchestre de Paris, quatuors Emerson, Hagen, Jerusalem, Modigliani) et en solistes instrumentaux (Aimard, Cassard, Fröst, Mork, Pollini, Sporcl, Tetzlaff) ou vocaux (Guryakova, Lang, Schäfer) de grand talent. Cette nouvelle saison sera notamment marquée par l’ouverture, début novembre, d’un cycle intitulé «Le Louvre invite Pierre Boulez» où a été imaginé «un programme autour de la question de l’inachevé et du fini, de l’interrogation même du processus de création artistique» qui verra la création de six commandes passées à de jeunes compositeurs ainsi que, le soir du 11 novembre, un «concert-promenade» dans les salles du musée.


Techniquement accomplie (malgré de légers accrocs), la jeune pianiste (née en 1988 à Cherbourg) a offert une prestation à moitié convaincante. La moitié la plus problématique se situe dans une approche désordonnée et presque hystérique de l’univers beethovénien. Dans la Dix-huitième sonate qui ouvre le concert, Lise de la Salle échoue, à force de désarticuler les tempos et d’assécher les accords, à trouver les clefs de l’articulation du discours et des transitions mélodiques. Alourdi par des basses très profondes, l’Allegro manque de rondeur et de hauteur de vue. Scandé avec vigueur, le Scherzo se transforme en une course contre-la-montre sans grand intérêt. Le Menuetto se veut narratif mais se présente décousu, laborieux, ennuyant, alors que le Presto con fuoco semble davantage marqué par la recherche de l’originalité que par la poursuite du sens, une curieuse gestion des tempos renforçant cette impression d’égarement.


La Huitième sonate qui suit est heureusement supérieure, mais conforte dans l’idée que les nombreuses qualités de cette jeune artiste – au premier rang desquelles figurent pourtant la sincérité, l’audace et une grande concentration – ne rencontrent pas (encore ?) dans Beethoven la matière la plus aisée pour s’épanouir. La Sonate «Pathétique» intéresse néanmoins par un Grave - Allegro di molto fougueux et déterminé, un Adagio cantabile d’une appréciable sobriété et un Allegro final vigoureux.


Passé l’entracte, on est rassuré de retrouver dans Schumann l’artiste dont les débuts ont légitimement suscité l’intérêt. Dans l’habituel mélange d’Études symphoniques et de Variations posthumes, l’irrégularité rythmique qui plombait Beethoven revêt ici tout son sens, Eusebius et Florestan acceptant volontiers de se plier au jeu des contrastes et des fulgurances. Passion et douleur coulent agréablement des doigts très sûrs de la pianiste française, qui sait enfiévrer le propos aux moments adéquats et s’applique à donner du poids aux méditations schumaniennes (ralentissant certains tempos à l’extrême). Bref, l’interprète prend – enfin – le temps de construire un discours cohérent et subtil, jusqu’au jaillissement conclusif baigné de clarté et de joie.


Lise de la Salle, qui reviendra jouer Bach, au même endroit, le 17 avril 2009, ne se fait pas prier pour donner trois bis bien léchés mais pas vraiment marquants : un Choral… de Bach précisément, puis «Jardins sous la pluie» (concluant les Estampes) de Debussy et, enfin, «Der Dichter spricht» extrait des Kinderszenen de Schumann.


Le site de l’Auditorium du Louvre
Le site de Lise de la Salle



Gilles d’Heyres

 

 

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