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Le laboratoire de Bashmet Paris
Auditorium du Louvre
02/10/1999 -
Ludwig van Beethoven : Nocturne en ré majeur op. 42
Felix Mendelssohn : Sonate en ut mineur
George Enesco : Konzertstück
Dmitri Chostakovitch : Sonate en ut majeur op. 147
Youri Bashmet (alto), Mikhail Muntian (piano) Youri Bashmet utilise une palette de sonorités d’une variété très rare, du son le plus flautando au plus concentré, recourant à toutes les relations possibles entre main droite et main gauche, jusqu’au décalage d’où naît une sonorité nouvelle. L’altiste n’a pas peur du timbre de son instrument, de ses bruits et de ses cassures. Il invente une musique dans laquelle l’accident – provoqué – joue un rôle essentiel, une musique de l’infinitésimal, de l’esquisse, de l’ombre. Bashmet oppose à ces moments de clair-obscur des passages de franc lyrisme, aidé par un vibrato extrême et un volume sonore étonnant. Sa sonorité est soutenue par un geste musical ferme et puissant. Les effets utilisés frôlent parfois l’affectation sur des pièces comme celles de Beethoven ou Mendelssohn, tandis qu’ils donnent tout leur sens à des univers musicaux plus modernes, au sein desquels le timbre est élément poétique à part entière. L’altiste paraît impassible sur scène, solide et calme, presque loin de son instrument et des sons qui s’en dégagent. Rares sont les interprètes qui tiennent ainsi une salle au creux de leur main – en témoigne la longueur du silence qui suivit la Sonate de Chostakovitch, silence qu’aucun murmure ne vint troubler.
Gaëlle Plasseraud
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