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Début de saison prometteur

Zurich
Opernhaus
09/14/2008 -  et les 16, 18, 20, 23, 25, 28 septembre, 3 octobre, 26 et 28 décembre 2008
Gaetano Donizetti: Lucia di Lammermoor

Elena Mosuc (Lucia), Katharina Peetz (Alisa), Vittorio Grigolo (Edgardo), Massimo Cavalletti (Enrico Ashton), Laszlo Polgár (Raimondo), Boiko Zvetanov (Arturo), Boguslaw Bidzinski (Normanno)
Chœur de l’Opernhaus de Zurich, Jürg Hämmerli (préparation), Orchestre de l’Opernhaus, Nello Santi (direction musicale)
Damiano Michieletto (mise en scène), Paolo Fantin (décors), Carla Teti (costumes), Martin Gebhardt (lumières)


(© Suzanne Schwiertz)


Pour l’ouverture de la saison 2008-2009, la direction de l’Opernhaus a misé à la fois sur l’expérience et sur la jeunesse, avec pour résultat une nouvelle production de Lucia di Lammermoor en tous points réussie. L’expérience d’abord: dans la fosse officie le vétéran Nello Santi, qui fête pour l’occasion ses 50 ans de collaboration avec Zurich. Dirigeant par cœur, comme à son habitude, le chef connaît le répertoire italien comme plus personne aujourd’hui; si sa lecture n’est pas de celles qui enthousiasment par une approche novatrice du chef-d’œuvre de Donizetti, force est de reconnaître le métier et l’assurance du maestro et son art de faire monter progressivement la tension dramatique, quand bien même il n’évite pas toujours la tentation de céder aux décibels, couvrant parfois les chanteurs. Bridant cà et là les tempi, puis les relâchant, sa direction dynamique laisse exploser les sentiments. La jeunesse ensuite, pour la partie scénique du spectacle, confiée à de jeunes Italiens prometteurs (le metteur en scène, Damiano Michieletto, n’a que 28 ans), qui, eux, n’hésitent pas à balayer les idées reçues pour éclairer l’œuvre d’une lumière nouvelle. Car nous sommes ici à des années lumière de l’Ecosse romantique de carte postale à laquelle le drame de Walter Scott est généralement associé. Pas de landes embrumées, pas de châteaux plus vrais que nature, mais une tour de verre penchée de plusieurs étages, aux vitres brisées, avec des cadavres tout autour. Un décor de destruction et de désolation, rappelant crûment que le pays est en guerre, déchiré par les ambitions de deux clans rivaux. Au lever de rideau, Edgardo est en fuite, haletant, et vient chercher refuge dans la tour, poursuivi par les sbires d’Enrico, lourdement armés et tenant en laisse des molosses. La violence est aussi bien présente pendant le mariage de Lucia, lorsqu’Edgardo est passé à tabac de façon très réaliste. Un spectacle choc, prenant, qui tente aussi d’apporter une réponse à l’énigme du «fantôme» souvent évoqué par Lucia, celui-ci étant présent tout au long du spectacle, sous les traits d’une femme élégante, vêtue de blanc, venant sans cesse signifier à l’héroïne qu’elle n’a pas d'échappatoire. Au même titre d’ailleurs que les autres protagonistes, qui cherchent désespérément une issue dans le labyrinthe de la tour de verre.


Elena Mosuc est une habituée du rôle de Lucia, qu’elle a déjà interprété à plusieurs reprises à Zurich, dans la célèbre mise en scène de Robert Carsen, une des productions fétiches de l’Opernhaus, au répertoire de 1989 jusqu’à la saison dernière. La chanteuse est époustouflante dans la maîtrise de la ligne de chant et dans les vocalises, dans la précision et la pureté de son émission ainsi que dans la palette expressive des nuances, capable de magnifiques pianissimi. Si sa Lucia est un modèle de virtuosité, elle peine néanmoins à séduire, voire à émouvoir, tant la soprano dégage une impression de froideur, comme si, tout accaparée qu’elle est par la partition, elle en oubliait presque son personnage. Quoi qu’il en soit, Elena Mosuc est ovationnée au rideau final, ce qui est amplement mérité. Les ovations vont aussi à Vittorio Grigolo, qui a fait forte impression pour ses débuts in loco. D’un tempérament fougueux, le jeune Italien semble hystérique, n’hésitant pas à en faire des tonnes sur scène, au point d’en rajouter dans la caricature du ténor! Mais on lui pardonne, tant la voix est belle, l'émission naturelle, puissante, parfois métallique, les aigus faciles et radieux et la technique assurée. Parmi les seconds rôles, on retiendra l’incarnation toute en majesté de Laszlo Polgár en Raimondo.




Claudio Poloni

 

 

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